– HOMMAGE A AMRANE –


Puisqu’après tant d’efforts ma résistance est vaine
Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne
C. BAUDELAIRE

 

Oumouhand Abdelhamid dit Amrane est né le 5 juillet 1972. A l’âge de trente cinq ans, il rend son dernier souffle, le 25 mai 2007 à 12H30 dans une clinique d’Alger, réputée en matière de chirurgie cardiaque.

Transféré de l’hôpital de Tizi-Ouzou dans un état critique après un séjour de vingt cinq jours, il devait subir une deuxième opération chirurgicale. Très affaibli par la maladie, il avait gardé toute sa lucidité. Toujours digne et plein de courage, il savait son état critique, voire désespéré. Pourtant, il restera égal à lui-même, c’est-à-dire un homme chez qui la politique est la matrice de toute action. Au soir du 17 mai 2007, alors qu’il était au plus mal, il s’enquit du taux de participation aux élections législatives. Le surlendemain, il demanda des nouvelles de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), une organisation à laquelle il tenait beaucoup et pour laquelle il a investi son temps et son argent. On ne saurait oublier qu’en 2000, par exemple, il finança la rénovation du siège de la maison des droits de l’homme et du citoyen à Tizi-Ouzou.

Ayant fondé beaucoup d’espoir sur l’actuelle direction, notamment son président, il a œuvré, sans relâche, nuit et jour, pour l’organisation et la réussite du deuxième congrès de la LADDH tenu en septembre 2005 à Boumerdès. Malgré l’état et la fragilité de sa santé, il ne s’est épargné aucun déplacement entre Alger, Tizi-Ouzou, Bedjaïa, toujours à la recherche d’adhérents et de compromis autour du président actuel en qui nous avions cru et dans lequel on espérait le digne successeur de M. Ali-Yahia Abdenour. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et Amrane quitta le congrès déçu et blessé dans son amour propre par la méfiance sectaire des organisateurs à l’encontre de son parti, le front des forces socialistes (FFS). Et dire que ce parti a toujours été, des années durant, le seul soutien de la LADDH !

Militant du FFS depuis qu’il s’est engagé dans le militantisme, il mettait toute son énergie pour que ce parti redevienne ce grand parti de gauche où se cristallisent toutes les forces des masses populaires. Pour Amrane, le FFS représentait la seule alternative crédible dans ce pays.

Attaché au charisme de son président, il combattait les frondeurs du FFS. Tout en réfutant la participation aux élections dans l’état actuel du parti, Amrane m’apportera son soutien dans le lancement de la candidature de Saïd Khelil et d’une liste d’indépendants aux élections législatives du 17 mai. Il souhaitait ardemment le retour de Saïd Khelil(1) au parti, dans le cadre d’une réconciliation lors du prochain congrès. En Saïd Khelil, Amrane voyait l’homme du rassemblement et, à l’échelle locale, le seul capable de relever le défi de la rénovation du parti grâce à son humilité et son honnêteté.

S’il n’a jamais eu d’ambition politique à devenir maire ou député, Amrane a toujours souhaité le succès du processus démocratique dans le pays afin que l’égalité des chances soit donnée à tous les enfants de l’Algérie, sans distinction.

Adieu, cher ami

Abdenour BOUMGHAR
membre du conseil national
de la LADDH

 

NOTES
1 Saïd Khelil a dirigé le secrétariat national du FFS de 1992 à 1995.