– HIZB FRANÇA –
– LA FACE INDIGÈNE
DU COLONIALISME –

 Cette recherche nécessite une présentation en deux parties.
Dans la première, il s’agit d’un repérage chronologique sur les activités politiques internes et internationales de Hizb França. C’est la partie visible du colonialisme et sa face indigène. Des documents tirés de l’actualité politique et sociale permettent de suivre la chronologie des abandons de souveraineté au sommet de l’État tout en mesurant le degré de perméabilité coloniale dont l’aire culturelle s’étend aux partis et aux associations.

La seconde partie est une reconstitution de la trame politique et sociale de Hizb França, sa généalogie immergée, comme produit de l’histoire. Le rapport à la colonisation ne s’est pas évaporé avec le temps : le colonialisme a eu ses partisans inconditionnels qui l’ont servi par les moyens militaires, intellectuels, ceux qui ont été conquis, séduits et se sont sentis abandonnés. Sur la même terre, dans le même temps, la grande majorité de la population – paysanne – résistant d’abord à l’extermination physique, a été décimée, dépossédée y compris dans sa culture. À l’intérieur de cette totalité ethnique, socialement et culturellement conflictuelle, se construit le mouvement national avec ses affrontements, compromis et éclatements dont la violence marque le premier novembre 1954, la guerre de libération nationale et culmine en 1962, faisant de l’indépendance une crise dans la réalisation de l’éveil national et dont on ne peut s’expliquer l’échec qu’en remontant aux composantes sociales et politiques à qui on doit l’Algérie d’aujourd’hui.

PREMIÈRE PARTIE

LA FACE INDIGÈNE DU COLONIALISME AU FIL DE LA CHRONOLOGIE POLITIQUE

Moukhabarat irhabyia                         Services de renseignement terroristes

Touskot el mafia el askaryia                À bas la mafia militaire

(slogan du Hirak sur le bilan politique des services de renseignement et appelant au contrôle de la violence d’État par la souveraineté nationale)

L’échantillonnage d’informations restituées ici montre en quoi l’armée, contrairement à ce que ses chefs proclament en toutes circonstances, n’est pas l’héritière de l’ALN, pour la bonne raison qu’elle en a détourné l’héritage.

Détresse et espoir. Indépendance perdue en voie de reconquête.Détresse et espoir. Indépendance perdue en voie de reconquête.

Dès « la reconversion » de cette dernière, entre 1962 et 1964, l’enjeu portait sur ses composantes en vue de dominer l’État. Cette opération ne s’est pas faite sans un cortège d’évictions et d’assassinats, puis en opérations de désintéressement pour les anciens gradés de l’ALN. Continuellement purgée de ses éléments jugés indésirables, l’armée perd tout ressort national suffisamment dynamique pour reprendre l’héritage détourné de l’indépendance. Trahissant les objectifs politiques (régime de libertés) et sociaux (redistribution équitable des richesses et des moyens économiques) de l’ALN, les maîtres de l’armée rebaptisée ANP ont construit, au fil des années, une Algérie sur laquelle règne une minorité de nantis qui a pouvoir d’appropriation sur toutes les richesses que l’on dit, ici ou là dans des discours mensongers, appartenir à l’État, au peuple et à la nation. Ces derniers n’ont pas cessé de subir dégradation et humiliations à travers des campagnes d’infantilisation de masse pour en restituer les caricatures grossières dont témoignent les affabulations constitutionnelles, législatives et judiciaires. En effet, toutes les ressources de l’autorité, de la violence d’État, sont accaparées par la source première en la matière, l’armée, elle-même réduite à un club de chefs tout puissants qui se partagent pouvoirs de violences et ressources économiques et financières. Ainsi furent créées des couches dirigeantes et une catégorie d’Algériens extérieures à la société. Ces couches sociales parasitaires ont acquis un pouvoir d’extraction, d’appropriation et de détournement des richesses de la collectivité sans limite autre que la concurrence et les rivalités internes. Les stratégies matrimoniales aidant, ces couches se sont établies en une grande famille où se chevauchent zizanie et solidarité arbitrées par la mahabba (affection) protectrice d’intérêts. Progéniture de la force armée postérieure à l’indépendance et à qui tout est permis, elles ont vidé celle-ci de son contenu, faisant progressivement la démonstration qu’elles sont bien la face indigène du colonialisme. Construite sur l’arbitraire quotidien s’élève une minorité qui a ses quartiers protégés, l’extension de ses biens matériels, ses écoles et centres de formation spécialisés, bénéficiant de la double reconnaissance franco-algérienne, ses postes (armée, administration, justice, université, économie, diplomatie, entreprises) réservés, ses centres de soins ad hoc et les vols quotidiens sur Paris en cas de besoin. Les liens qu’elle a avec l’Algérie se limitent à la jouissance, sous bonne garde, des fruits de la prédation. La figure du Hizb França ou partisan du colonialisme ne peut pas se réduire à l’usage de la langue française ou à l’apparence vestimentaire. Elle va bien au-delà, par l’arrogance sociale traduite en position dominante jusqu’au mépris. Elle est entourée d’un cordon protecteur, manifestation extérieure de puissance laissant apparaître une assurance protectrice du dedans, surprotégée du dehors.

Pour le reste de la population, l’héritage de la guerre de libération nationale se comptabilise en moyens d’existence aléatoires (chômage, logements inaccessibles), abus quotidiens, pénuries de services (eau, électricité, gaz, hôpitaux) en gestion urbaine délabrée (routes, moyens d’accès, transports), justice corrompue, aux ordres. À cela se superposent surveillance policière, emprisonnements abusifs et torture généralisée pour prévenir et museler toute contestation, toute revendication.

Le paradoxe de l’histoire s’est très vite imposé sous la forme de ces « retrouvailles » entre l’ancien colonel Roger Trinquier et Yacef Saadi signant cette « réconciliation » dont il est tant question aujourd’hui entre Alger et Paris. Mais le cordon ombilical n’a jamais été rompu et on en voit la matérialisation dans les réseaux d’État qui proliféreront en présence policière, militaire, institutionnelle derrière des apparences diplomatiquement baptisées « échanges d’expériences ».

L’ascendant consenti à la France et accessoirement aux USA transforme l’Algérie en État sous aire d’influence française et se stabilise en statut d’État protégé avec un maquillage terminologique laissant croire au respect de souveraineté. Ce statut est en réalité tellement prégnant qu’il se banalise au quotidien, faisant de la France une terre de référence suffisamment crédible, riches en valeurs, pour que l’on puisse y chercher une vérité historique même si celle-ci est délivrée par l’ex-colonel (devenu général depuis) Marcel Bigeard. Nous avons reproduit la quête douloureuse de la sœur de Larbi Ben M’hidi sur l’exécution de ce dernier. La proximité qu’elle établit avec celui qui commandait aux tortionnaires du 3ème régiment de parachutistes coloniaux ne suscite pas que de l’étonnement. Plus encore ! L’auteur de crimes contre l’humanité est institué dépositaire des propos, du courage et de la grandeur de Larbi Ben M’hidi. Les éloges dont ce dernier est encensé atteignent les sommets de la perversion quand, post-mortem, Marcel Bigeard avoue regretter ne pas avoir une dizaine d’hommes comme Larbi Ben M’hidi, ce qui lui aurait permis « de conquérir le monde ». Parlant en vainqueur, le colonel de la « Bataille d’Alger » perpétue ses méthodes et moyens d’action en tentant d’extirper en Ben M’hidi la raison de son combat : celui de libérer le monde et non pas de le conquérir sous la bannière de l’impérialisme colonial. Opération machiavélique de retournement de l’adversaire pratiquée par le service action des régiments de parachutistes, les propos de Marcel Bigeard doivent figurer au palmarès criminel de ce dernier et non pas y voir une espèce d’hommage reconnu que l’on rapporte fièrement. Tout simplement, et pour sa mémoire, parce que Larbi Ben M’hidi, c’est l’anti-Bigeard à jamais. C’est pour cela qu’il a été assassiné. C’est pour cela qu’il doit être célébré.

Ne se fixant comme objectif déterminant que la maîtrise de la société, le pouvoir développe un système politique qui produit de l’inculture : historique, politique, juridique, économique. Il se constitue des filières de formation parallèles à celles de l’université qui est réduite au sinistre depuis cinquante ans et dont il contrôle l’encadrement. De la sorte, toutes les questions sensibles sur le mode de direction de l’État, les choix diplomatiques en matière d’accords de toute matière, militaire, police, gendarmerie, services de renseignement, sont sous embargo, soustraits à une réflexion autre que celle des communiqués officiels ou de commentaires de commande, forcément élogieux. On imagine sans peine l’appauvrissement intellectuel engrangé comme acquis protecteur par les autorités militaires et politiques. Les années 1990 ont accentué ces glissements en méthodes de gouvernement et options incontournables dans la durée. La dépendance de l’extérieur est devenue inhérente à l’État qui se définit alors comme forteresse à l’intérieur, contre sa population et comme appoint concédant espace sur espace de sa souveraineté en échange d’accords rassurants pour durer. À cet égard, l’accord de défense avec la France, au programme dès 2004 (année du deuxième mandat de A. Bouteflika), après le voyage de Jacques Chirac, est signé en 2008 pour entrer en vigueur en 2013. Si on laisse de côté les formules stéréotypées sur un prétendu équilibre entre les parties et les objectifs de l’accord, il faut dire que compte tenu de la puissance respective des parties, ce n’est pas l’Algérie qui pilote la locomotive. Il suffit de se référer à l’article 2 reproduit plus bas.

L’extension de la présence française ne date pas des années 2000. L’ouverture de l’espace aérien à l’armée française remonte aux relations Chadli-Mitterrand et l’intervention au Tchad. C’est le résultat de la montée des commandants et colonels transfuges de l’armée coloniale et qui ont pris un ascendant déterminant au plus haut sommet de l’État. La fin de non-recevoir de l’épuration de l’ANP, souhaitée par le congrès du FLN en 1964, et à laquelle Houari Boumediène a opposé en forme de défi, son tristement célèbre veto, a eu des conséquences historiques incalculables en termes d’abandon progressif de souveraineté. « Vous me reprochez, notamment, de conserver dans les rangs de notre armée des officiers que vous condamnez parce qu’ils ont appartenu à l’armée française. Je vous dis qu’ils ont rejoint la révolution, même si ce fut tardivement, et que, bons techniciens, ils sont indispensables à notre armée. Et puis ce sont des Algériens et il ne serait pas concevable que la Défense nationale utilise des étrangers … Le Congrès est souverain. Je suis là pour appliquer les décisions. Demandez-moi d’exclure ces officiers ! Je les exclurai » (rapporté dans Hervé Bourges, L’Algérie à l’épreuve du pouvoir, Paris, Grasset, 1967, 245 pages, pp. 112-113).

P1240373 (1)Les forces obscures ou la ‘issaba (bande) 1ère version. 1er congrès duFLN (avril 1964).
On reconnaît entre Ahmed Medeghri et Houari Boumediène, Abdelaziz Bouteflika.

Celui qui, par calcul, croyait pouvoir bâtir une armée nationale forte grâce à des compétences formées dans les régiments français a ouvert la voie à la décomposition de l’indépendance. Livrant le pays aux puissances impérialistes par l’extension de la corruption à toute l’économie, et en premier lieu le régime des hydrocarbures, celui du commerce des armes et du matériel militaire, sans légitimité populaire, étouffant le pays par les pratiques totalitaires, les chefs militaires créaient le besoin particulier de se concilier la scène internationale. Ce qui ne saurait se faire sans les maîtres du monde. Les apparences respectables offerts par l’Algérie dans ses relations internationales vont se dégrader proportionnellement aux violences exercées sur la société pour atteindre leur point culminant dans les années 1990 et l’usage généralisé de la torture, les liquidations perpétrées par les escadrons de la mort, les enlèvements et les massacres de populations. L’idéologie de l’État de droit et des droits de l’homme, accompagnant les conquêtes du libéralisme reaganien deviennent des étalons de mesure pour soutenir ou couler des régimes. État de droit et droits de l’homme, via les ONG, instrumentalisées, n’ont pas pour but l’accès à ces idéaux et leur développement mais deviennent des moyens de dissuasion ou d’encouragement pour surveiller et soumettre des États fragilisés par leur système politique et leur extériorité sociale par rapport à leurs populations. Les puissances impériales, maîtresses du jeu politique de domination planétaire manipulent leurs propres sociétés au même titre que les sociétés ciblées à travers les États mûrs pour la reconquête/recolonisation. Le terrorisme étatisé, exercé sur les populations (l’Algérie n’étant pas le seul exemple) devient une denrée exploitable, négociée et sous-traitée. Difficilement utilisable par les « démocraties » sur leur territoire, elles mettent au point des procédés de déstabilisation par la terreur. L’un de ces procédés consiste en des groupes spécialement constitués auxquels le DRS algérien fournit, à la demande, le savoir-faire de réputation mondiale expérimenté sur le plan interne vis-à-vis des populations.

Un exemple notable est fourni par Jeremy H. Keenan (chercheur associé au département d’anthropologie sociale et de sociologie de la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres) qui, dans un article sur « L’utilisation du « droit » dans la guerre contre le terrorisme » (Revue Québécoise de droit international, hors-série septembre 2015. La justice pénale internationale comme projet politique et sélectif, p. 161-172 ) reconstitue le fil conducteur entre les services américains sur le front Sahara-Sahel et le DRS, associés dans la fabrication d’actes de terrorisme : « Dans un premier temps, les États-Unis avaient diffusé une trame narrative qui dépeignait un portrait de la région comme une zone terroriste sous contrôle d’Al-Qaïda. Le DRS et les États-Unis ont pour ce faire fabriqué d’autres incidents terroristes…Dans un deuxième temps, les gouvernements locaux, assistés et encouragés par les États-Unis, ont haussé la répression à l’encontre des populations locales provoquant délibérément des périodes d’instabilité sociale, les poussant même parfois à prendre les armes. Ces populations pouvaient ainsi être qualifiées de terroristes … L’opération, bien que niée par le gouvernement américain, était importante pour le Pentagone puisqu’elle permit de justifier la création en 2008 du US AFRICOM, un nouveau commandement militaire américain indépendant en Afrique. Dans un troisième temps, en 2008, les enlèvements d’otages occidentaux reprirent de manière exponentielle. Même s’ils étaient imputés à AQMI, les services secrets américains savaient que les principaux auteurs étaient, dans chaque cas, des complices du DRS ». Cet article dévoile l’existence d’un camp d’entraînement réputé appartenir à Al-Qaïda alors qu’ « il était en fait régi et alimenté par le DRS algérien … Des centaines, voire des milliers de personnes furent assassinées dans ce camp en vue d’entraîner des recrues terroristes à des techniques d’exécution, notamment d’égorgement … Les personnes vues [ sur la foi d’un témoin] au camp par l’armée algérienne pour y être exécutées étaient des prisonniers algériens ainsi que des officiers jugés non fiables. Le camp se révélait donc aussi un moyen de discipliner l’armée … Au fur et à mesure de leur arrivée, l’identité des futurs terroristes – incluant une reconnaissance photographique et, apparemment, leur ADN – était fichée par les officiers du DRS. Ces données étaient ensuite envoyées à Alger où il semble probable d’affirmer qu’elles étaient partagées avec les agences de renseignement britanniques et américains … L’Opération … pourrait avoir fourni aux Occidentaux l’identité de centaines et potentiellement de milliers de personnes présumées terroristes liées à Al-Qaïda. Cela expliquerait pourquoi tant d’attaques terroristes ont supposément été contrées durant ces années [entre 2003 et 2009] … ». Ces événements, établissant la coopération entre le DRS, les services secrets américains et britanniques sont liées à l’attaque du site de Tiguentourine en janvier 2013, laquelle sera soustraite à une enquête internationale. Celle-ci aurait révélé la parenté entre DRS, services secrets américains et anglais avec les entreprises terroristes ainsi que le vrai visage du terrorisme. Le recours au droit s’avère de la sorte impraticable. On comprend pourquoi les États-Unis adressent régulièrement leurs félicitations aux autorités algériennes pour leur capacité de lutte contre le terrorisme. On devine aisément aussi dans quelle mesure les services secrets algériens ont préparé l’intervention française au Mali et pourquoi Alger a ouvert « sans limite » (Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères) son espace aérien aux opérations successives. En mettant bout à bout les composantes des relations avec la France et les autres pays occidentaux, on est frappé par la continuité, faussement chaotique parfois, du rapport colonial. Ce n’est nullement par hasard que le slogan Istiqlal -Indépendance résonne depuis deux ans en Algérie. L’installation des groupes français de sécurité tels que Terrorisc ou Geos, notamment, depuis au moins 1994 et auxquels les services de sécurité algériens ont ouvert le marché sécuritaire implique une mixité voire une fraternité entre les services importés et leurs « hôtes ». Les visites à répétition des ministres français de l’Intérieur alternant avec les hauts gradés du ministère, de la gendarmerie et de la police sont autant d’indicateurs sur le siège de la souveraineté, réduisant Alger à une plaque tournante dans l’industrialisation du marché sécuritaire. Pour que tout soit bien synchronisé politiquement les ministères de la Défense des Affaires étrangères et de la Justice font l’objet du suivi temporel, contrôlant le rythme des aménagements ou des réformes.

Les qualificatifs grandiloquents, nouveau gadget agité sur « la grande puissance algérienne » et repris par le chef d’état-major Saïd Chengriha, multipliés par l’encouragement d’Emmanuel Macron, depuis décembre 2019, à suivre les réformes et la transition correspondante, confirment à quel degré de soumission l’État algérien a été amené pour retomber en possession coloniale gérée par indigènes interposés. La protection assurée de celle qui n’a jamais cessé d’être « la mère nourricière » garantit une fidélité sans faille.

– HIZB FRANÇA EN CONFRONTATION AVEC L’HISTOIRE :
ACTEURS, FAITS HISTORIQUES ET PROXIMITÉ COMPLICE –

1) L’échange entre l’ancien colonel Roger Trinquier, membre de l’état-major du général Massu, et Yacef Saadi

Screenshot_2021-03-24 Colonel Trinquier et Yacef Saadi (la bataille d'Alger) - Vidéo DailymotionYacef Saadi en affaires avec Roger Trinquier.

Cette rencontre complice ne relève pas seulement de l’insolite. Une archive de l’institut national de l’audiovisuel (INA) montre les deux adversaires de la bataille d’Alger de 1957 en train d’échanger de simples souvenirs communs comme de vieux camarades. La scène se passe en 1970, quatre années après la sortie sur les écrans du film produit par Yacef Saadi avec l’argent public offert par Ben Bella, d’après Hocine Zehouane, en 1964. Il s’agirait là de la contrepartie correspondant à l’utilisation de la milice montée par Yacef Saadi en juillet-août 1962 dans la Casbah face aux troupes de l’ALN de la wilaya IV.

Lorsque le film était annoncé sur les écrans français, en 1970, une levée de boucliers de tout ce qui se reconnaissait dans l’Algérie française en a empêché la diffusion, frappée d’interdiction. La rencontre télévisée entre Roger Trinquier et Yacef Saadi a lieu à la suite de ces événements parisiens.

Afin de mesurer la signification des propos entre les deux hommes, il faut rappeler le rôle de chacun d’eux durant la bataille d’Alger et le coût humain que les parachutistes ont infligé à la capitale, en particulier au cœur de sa résistance, la Casbah.

* Responsable militaire, Yacef Saadi a conduit les opérations de guerre contre l’armée française au sein de la zone autonome d’Alger. Dans son avant-propos à « La bataille d’Alger » écrit avec la collaboration du journaliste Hocine Mezali (tome 1, Alger, ENAL, 2ème édition, 1984), il écrit p.11 : « l’auteur… n’a pas écrit un plaidoyer pour ou contre les auteurs qui inondent encore les librairies d’une littérature plus ou moins objective, ni un réquisitoire d’arrière-garde contre les « faiseurs » de guerres coloniales – généraux ou hommes politiques -. Ceux-là, comme l’ivraie, ont été éliminés par l’Histoire, peut-être pas suffisamment, au gré de la morale et, peut-être, aussi, pas comme il convient au gré des peuples qui furent leurs perpétuelles victimes. De la terre algérienne, les innombrables bourreaux – pour ne citer que ces tristes souvenirs – sont repartis chez eux. Sans gloire ! … »

Yacef Saadi sera fait prisonnier en compagnie de Zohra Drif ; ils seront incarcérés jusqu’à la fin de la guerre en 1962.

*Roger Trinquier, lieutenant-colonel en 1957, spécialisé dans les maquis de contre guérilla en Indochine, rejoindra les troupes de Massu après la défaite de Dien-Bien-Phu. En Algérie, pendant les opérations des parachutistes, adepte de la torture, il sera l’un des inspirateurs de nombreuses initiatives répressives et mettra en place un système de surveillance généralisé appliqué aux immeubles algérois et à leurs occupants, le dispositif de protection urbaine/DPU. « Il fiche la Casbah ruelle par ruelle, îlot par îlot, immeuble par immeuble » (d’après Roger Faligot, Jean Guisnel, Rémi Kaufer, Histoire des services secrets français, Paris, La Découverte, 2012, 2013, 738 pages. P. 185). Le DPU « était soutenu par l’action énergique menée par l’état-major « parallèle » du commandant O [Paul Aussaresse] avec le soutien du général Massu et du Ministre-résident Lacoste … » (selon Yves Courrière, La guerre d’Algérie II – Le temps des léopards, Paris, Fayard, 1969, p. 513). C’est R. Trinquier qui arrêtera Yacef Saadi. D’où l’intérêt du document d’archives de l’INA cité plus haut et dont nous retiendrons les quelques échanges suivants, fort significatifs :

– le journaliste : pensez-vous qu’il fallait interdire le film La bataille d’Alger en France ?

– Yacef Saadi : Les Français sont majeurs et c’est une phase de la guerre qui les concerne…

– Roger Trinquier : Le sort de l’Algérie dépendait non pas d’une bataille mais de la décision du gouvernement qui ne voulait pas conserver l’Algérie avec son fardeau économique et fiscal… Le film, que j’ai vu il y a deux ans, [donc en 1968] à Genève dans la version d’alors, représentait exactement la bataille d’Alger telle qu’elle s’était passée. Il n’y avait pas de scènes de tortures qui pouvaient vexer les Français.

-Yacef Saadi : J’ai essayé de situer deux adversaires, un jeu d’échecs, l’un en face de l’autre. Nous avions un idéal, celui de libérer le pays.

– le journaliste : la torture, comment la voyez-vous, pour, contre ?

– Roger Trinquier : Que l’on soit pour ou contre, cela n’a aucune importance. Ceux qui prennent l’engagement dans une organisation clandestine savent que s’ils sont pris ils vont être torturés [il cite l’exemple des résistants français pendant la guerre face à l’Allemagne].

– Roger Trinquier : Vous n’oubliez pas qu’il y a eu des sentiments d’affection formidables entre vous et nous et que ces sentiments ne se sont pas brisés pour autant et que nous devons d’ailleurs essayer de les remettre en œuvre.

– Yacef Saadi : Actuellement, il y a une coopération fructueuse entre l’Algérie et la France…

– le journaliste : Vous vous voyez ce soir, pour la première fois, depuis treize ans. Si vous aviez une seule chose à dire, l’un à l’autre, que diriez-vous ?

– Yacef Saadi : Je dirai tout simplement que s’il est prêt à coproduire un film avec moi, on le fera. Moi, j’ai laissé la mitraillette pour la caméra.

– Roger Trinquier : Moi, je vois Yacef Saadi comme un militaire. Comme, si vous voulez, dans une guerre classique, Romel aurait pu voir Montgomery…Cela m’intéressait beaucoup, quand je l’ai arrêté, de savoir son organisation, qui était en face. Un militaire, c’est d’abord un technicien, un technicien de la guerre. Et j’ai interrogé Yacef Saadi ; nous avons discuté pendant un mois comment il avait fait son organisation, et lui cela l’intéressait de savoir comment j’ai démoli son organisation; et maintenant ce qui m’intéresse c’est de savoir ce qu’il est devenu, ce qu’il fait et si vraiment les idéaux qu’il évoquait, ou qu’il pensait, quand il se battait dans la Casbah, sont réalisés.

– Yacef Saadi : Oui, le vœu le plus profond a été … Nous sommes indépendants, j’ai lutté pour cela et chaque révolutionnaire aime vivre et voilà ! Je fais du cinéma maintenant. »

2) La recherche de la vérité sur la capture et la mort de Larbi Ben M’hidi : Drifa Hassani, soeur de Larbi Ben M’hidi, Marcel Bigeard, et Jacques Allaire

Larbi Ben M’hidi est l’un des chefs de l’exécutif du FLN – Comité de coordination et d’exécution (CCE) pendant les premières années de la guerre de libération nationale. Il est arrêté le 24 février 1957 au cours des opérations menées par les éléments de la division de parachutistes dirigée par le général Jacques Massu, engagé à mettre fin aux opérations de guérilla urbaine auxquelles fut donné l’appellation de bataille d’Alger. Enchaîné, entravé, le responsable de la zone autonome d’Alger est demeuré prisonnier du colonel Marcel Bigeard pendant quinze jours pour ensuite faire l’objet d’un communiqué officiel annonçant son suicide.

Ce sont ces tragiques et douloureux événements vécus notamment à Alger par des milliers d’Algériens, arrêtés, torturés, exécutés, suicidés qui vont faire de Drifa Hassani l’égérie d’une cause : chercher et trouver la vérité sur les conditions de l’arrestation et de la mort (suicide ou exécution) de son frère. Ces recherches font l’objet d’une médiatisation progressive, de plus en plus accentuée pour couvrir une première période largement suivie par la presse écrite (interview) et une période où l’usage de l’image télévisuelle accentue les effets des résultats en mise en scène. Ces manifestations médiatiques à répétition font ressortir l’ascendant du tortionnaire auprès duquel une obstination à toute épreuve prétend y trouver la vérité. L’auteur de crimes innombrables, parmi lesquels ceux qui furent notamment catalogués à l’époque comme « crevettes Bigeard », encense le militant qu’il a capturé, détenu et envoyé à la mort. Les traits qu’il lâche sous forme de portrait de Ben M’hidi et sa « grandeur » sont autant de bravades faisant du colonel de l’époque le maître d’un jeu par lequel il perpétue son triomphe. Derrière les « hommages » qu’il répand sur Ben M’hidi et qui sont relayés ici et là, Marcel Bigeard tient en réalité Ben M’hidi comme le trophée du chasseur qui exhibe sa prise en poussant à partager son triomphe et à perpétuer l’ascendant qu’il entend exercer, au-delà de ses victimes, sur les survivants. Le premier qui a relayé les caricatures dressées par Bigeard fut un écrivain, passé pour historien, qui le fait en assumant son admiration inconditionnelle du colonel du 3ème régiment de parachutistes coloniaux. La dénomination en elle-même est une leçon d’histoire. Le récit construit par Bigeard, ressassé par la suite, relayé par l’un de ses lieutenants Jacques Allaire, celui qui, à la tête d’une section, procéda à l’arrestation de Ben M’hidi, doit beaucoup à Yves Courrière. Ce dernier reproduit ce que lui a livré Bigeard sur les qualités de Ben M’hidi, les sympathies réciproques, les zones troubles sur les conditions exactes de son exécution. Bigeard, à soixante ans des événements marqués par ses crimes, continue d’imprimer une perception du centurion face à son prisonnier. Et cette perception est reprise par la famille de Ben M’hidi, entérinée par un silence consentant : nous sommes en présence du summum de l’art de la guerre psychologique qui entend faire en sorte que le tortionnaire se fasse aimer, considérer par ses victimes. Ce sont les objectifs de la pacification des années cinquante qui prennent une coloration, une forme, une assise et une endurance telles que le parachutiste, la gouaille plus enthousiaste que jamais, entend poursuivre son avantage jusqu’à vouloir venir saluer la mémoire de ses victimes au sanctuaire du martyr. Sous couvert d’un objectif inscrit de part et d’autre de la Méditerranée, la réconciliation. Celle-ci fait son chemin comme projet en introduisant quelques semblants de fierté réticente avec des demandes de pardon ou de repentance.

Nous reproduisons cette série de rencontres restituées par les médias et les conséquences imperceptibles à la fois pour Drifa Hassani/Ben M’hidi et les professionnels de la plume et de la caméra.

Le 9 avril 2002, Mohamed Khellaf, dans Le Jeune Indépendant, repris par Algéria Watch, titre : Bigeard veut « tourner la page » mais « pas à n’importe quelle condition » – « Déposer une gerbe de fleurs au Sanctuaire des martyrs – L’idée d’un tel déplacement a germé, voici une année, à la faveur d’un échange de « correspondances » entre le général [Bigeard] et Madame Hassani. Un échange ponctué par une rencontre, le 19 décembre 2001 à Paris, entre le général et Madame Drifa Hassani, accompagnée de son mari, M. Abdelkrim Hassani, ancien officier du ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG). Ce rendez-vous a été organisé à l’initiative d’un Marseillais, Jean-Pierre Pascuito, en contact avec les Hassani depuis 1997. « Ces heures de discussion entre anciens adversaires œuvrant pour une réconciliation devront faire évoluer les idées », écrit Bigeard dans son livre [Crier ma vérité, Éditions du Rocher]. « Mes convictions vont vers ce rapprochement » qui, cependant, « ne doit pas se faire dans n’importe quelle condition » mais « dans le respect des points de vue de chacun. Dialoguer avec la famille Ben M’hidi c’est déjà contribuer à resserrer les liens » à « remettre la machine en marche. Envers l’Algérie, ma démarche est celle de la réconciliation … Quand je parle de l’Algérie, c’est toujours dans le sens d’une réconciliation. Bien sûr, officiellement, nous faisons du commerce ensemble, nous avons des échanges culturels, les émissions de nos chaînes de télévision sont suivies de l’autre côté de la Méditerranée … C’est dire si les destins de nos deux pays sont liés jusque dans la vie de tous les foyers. Mais notre histoire commune a créé des douleurs terribles dans les deux camps … L’histoire avance à grands pas et il faut savoir regarder en arrière, pour mieux aller de l’avant. Quand je me réfère au passé, c’est pour mieux aborder l’avenir … Il est temps de tourner la page … Je n’ai rien sollicité, tout cela mûrit, mon éditeur s’occupe des démarches, le directeur de Paris-Match a téléphoné à l’ambassade d’Algérie… ». « 

Le scoop du Jeune Indépendant n’en est pas un. En effet, l’information a été traitée le 28 mars 2002 par Florence Beaugé et Philippe Bernard dans Le Monde sous le titre « le général Bigeard veut aller à Alger rendre hommage à Larbi Ben M’hidi – Bigeard à Alger ! La nouvelle paraît sortie d’un livre d’histoire. Elle pourrait figurer dans l’actualité de ce printemps 2002. Quarante-cinq ans après la bataille d’Alger où il s’est distingué à la tête du 3ème régiment de parachutistes coloniaux (RPC), Marcel Bigeard, 83 ans, aujourd’hui général, projette sérieusement de se rendre dans la capitale de l’Algérie indépendante pour déposer une gerbe au monument des martyrs de la guerre de libération. S’il souhaite faire ce geste inattendu, c’est d’abord, dit-il, pour rendre hommage à Larbi Ben M’hidi, chef du FLN pour l’Algérois, qu’il avait arrêté en 1957. « Quand on se bat contre un ennemi de valeur, il naît souvent une camaraderie bien plus forte qu’avec les cons qui nous entourent », déclare-t-il. À entendre Bigeard, des liens se sont tissés entre le chef indépendantiste et lui-même, en dépit du refus de Ben M’hidi de collaborer. Mais, sur ordre venu d’en haut, le prisonnier est finalement remis aux services spéciaux du « commandant O », Paul Aussaresses, et pendu le 4 mars 1957. Un meurtre maquillé en suicide. « ça m’a rendu malade d’apprendre qu’ils l’avaient tué », affirme l’ancien chef para aujourd’hui devenu sentimental…

« Il y a un an, Marcel Bigeard et Drifa Hassani, l’une des trois sœurs de Larbi Ben M’hidi, ont entamé une correspondance. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’un déplacement à Alger. L’hebdomadaire Paris-Match s’y intéresse de très près, de même que les Éditions du Rocher, qui publient, le 10 avril, le dernier livre de Bigeard, Crier ma vérité. « Je n’ai rien sollicité, mais tout cela mûrit : mon éditeur s’occupe des démarches, le directeur de Paris-Match a téléphoné à l’ambassade d’Algérie », raconte-t-il, ajoutant qu’il souhaite contribuer au « rapprochement franco-algérien » au moment où tant de gens « remuent la merde ».

« Bigeard à Alger ? Personne ne semble avoir envisagé que la justice algérienne puisse être tentée de demander des comptes au vieux général français… Drifa Hassani est convaincue de l’utilité de son projet, qu’elle a soumis à la présidence de la République algérienne. Une telle initiative ne risque-t-elle pas de réveiller des douleurs non cicatrisées en Algérie ? « Ce que je veux, répond la sœur du « martyr » Ben M’hidi, c’est qu’on fasse un pas vers la paix. Mon frère a été torturé jusqu’à sa mort, mais pas par Bigeard, ni sur son ordre ». Autant Drifa Hassani considère le général Aussaresses comme un « criminel » et « un chien dressé à s’attaquer à la chair humaine » autant elle est indulgente pour le général Bigeard, qui, dit-elle, avait « beaucoup d’admiration pour son frère ».

« Louisette Ighilahriz, elle, s’étrangle à l’idée que Bigeard puisse se recueillir devant le monument aux morts des martyrs algériens.  » Je n’en dors plus. Sommes-nous tombés sur la tête pour envisager une pareille chose? », s’interroge celle qui, torturée à l’âge de 20 ans sur ordre du général Massu et du colonel Bigeard, a ravivé la mémoire française de la guerre d’Algérie. « Je suis sans haine. Si Massu venait en Algérie, cela ne me choquerait pas, car il a regretté publiquement d’avoir utilisé la torture. Mais Bigeard, lui, a toujours tout nié, et a même qualifié mon récit de « tissu de mensonges » : c’est cela que je ne peux pas lui pardonner ».

Le 6 mars 2010, le quotidien L’Expression publie un article signé Mohamed Sadek Loucif sous le titre « Drifa, la sœur de Ben M’hidi révèle – « Ce que Bigeard m’a dit » – « Ce n’est pas un homme comme Larbi Ben M’hidi qui se suicide » avait avoué le général Marcel Bigeard à la sœur du martyr, Drifa Ben M’hidi en 2002 à Paris [on sait que c’est en 2001, voir plus haut]. L’officier s’est montré disposé à venir en Algérie pour témoigner sur les circonstances de la disparition du héros. En ces termes, le général avait battu en brèche la thèse officielle de la France. La sœur du martyr était partie en France en quête de vérité sur les circonstances de la mort de son frère. « La thèse du suicide a fait beaucoup de mal à ma famille » a révélé hier, Drifa Ben M’hidi lors d’une conférence de presse animée conjointement avec l’ancien compagnon du chef révolutionnaire, Abdelkrim Hassani, à la Maison de la presse Tahar Djaout à Alger… La conférencière se remémore la dernière volonté de son père, Si Abderrahmane : « Ma fille, je te confie la responsabilité d’établir la vérité sur le martyre de Larbi ». Le père était hanté par la probabilité du suicide de son fils. En 1985, la soeur de Ben M’hidi entame sa recherche. Une recherche qui la mènera à la rencontre de l’officier supérieur à l’origine de son arrestation. À l’automne de sa vie, le général français garde intacte son admiration pour le grand chef de la Révolution. Il se souvient encore des derniers mots échangés avec le dirigeant du FLN. Il le revoit se tenant devant lui, pieds et poings liés, un sourire tranquille aux lèvres. Il était majestueux. Après un moment de silence, le général lance au révolutionnaire : « Vous êtes vaincus, le FLN est démantelé, la révolution est morte ». Serein, le héros répond : « Si notre révolution n’était pas grandiose on n’aurait pas fait appel aux services d’officiers, aux compétents comme vous pour nous combattre » … « 

« Larbi Ben M’hidi a-t-il été assassiné à Chebli ? » s’interroge en sur-titre Rahmani Mohammed dans El Watan du 3 mai 2014 avant de poursuivre : « L’histoire officielle veut que Larbi Ben M’hidi se soit suicidé dans sa cellule dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Une mort aussi suspecte que celle survenue quelques jours après, le 23 mars, de l’avocat Ali Boumendjel qui se serait jeté par la fenêtre d’un immeuble de l’avenue Ali Khodja, à El Biar. Au sujet de la fin tragique de Larbi Ben M’hidi, le colonel Jacques Allaire (à l’époque lieutenant sous les ordres de Bigeard) qui l’avait arrêté dans un appartement de l’avenue Claude Debussy à Alger, le 25 février 1957, ne croit pas au suicide. Il a qualifié l’homme de « seigneur » : « Ben M’hidi était impressionnant de calme,de sérénité, de conviction. Un tel homme ne pouvait pas se suicider. Je l’ai remis à l’état-major et à une équipe qui est venue le chercher, et c’était la nuit, et bien que le règlement s’y opposait, je lui ai fait présenter les armes, parce qu’il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage ».

« Quelqu’un en qui l’ennemi-même reconnaît une telle valeur et un tel courage pouvait-il se suicider ? « Ce n’est pas un homme comme Larbi Ben M’hidi qui se suicide! » avait avoué le général Marcel Bigeard à la soeur du martyr, Drifa Ben M’hidi, en 2002 [en 2001] à Paris. En 2001, dans son livre Services Spéciaux, Algérie 1955-1957, paru aux éditions Perrin, le général Paul Aussaresses reconnaît avoir procédé à l’exécution sommaire, par pendaison maquillée en suicide, de Larbi Ben M’hidi, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, avec « l’assentiment tacite de sa hiérarchie militaire et d’un juge qui aurait lu le rapport sur le prétendu suicide avant que celui-ci ait eu lieu ». À une vingtaine de kilomètres d’Alger, en allant vers le sud, dans la plaine de la Mitidja, parmi les colons qui préparent leur « défense et le contre-terrorisme », Robert Martel, agriculteur et propriétaire de vignes à Chebli … propose [dès 1954] au maire de sa commune la mise sur pied d’une milice … Certains prétendent même que Paul Aussaresses venait fréquemment rendre visite à Robert Martel. L’emplacement de cette ferme concorde avec l’endroit où le tristement célèbre général avoue avoir aidé ses complices à « suicider » Larbi Ben M’hidi … « 

Une video Youtube du 7 mars 2017 retrace une rencontre sur l’arrestation et l’exécution / disparition de Ben M’hidi entre sa soeur Drifa, l’historien Belaïd Abane (neveu de Abane Ramdane) et le cinéaste Bachir Derrais. S’y ajoute une intervention, de la salle, en forme de témoignage de Abdelkader Khaled, ancien moudjahid. Nous reprenons ici les propos de chacun (e) :

*Drifa Ben M’hidi réfute ce qu’a rapporté la presse coloniale de l’époque sur le suicide de son frère. Mais elle parle également de son arrestation, se disant convaincue que Larbi Ben M’hidi a été livré aux parachutistes par l’un des siens. Elle reconnaît s’être appuyée sur des « on dit » pour désigner Brahim Chergui comme l’auteur qui a livré le lieu de retraite du coordinateur du CCE : « On disait c’est flen (X), c’est flen qui l’a donné, qui l’a vendu : on disait que c’est Brahim Chergui qui a donné Larbi, c’est Yacef Saadi, c’est l’autre, c’est l’autre. Mais ceux qui disent que Larbi a été arrêté par hasard, ce n’est pas vrai. Larbi a été donné , par qui ? Je ne sais pas encore. Je ne suis pas très sûre et je ne veux pas avancer quelque chose dont je ne suis pas sûre. Larbi a été donné par quelqu’un membre du FLN et tout cela par crainte que Larbi survive après la guerre, pour que Larbi ne reste pas en vie.

*Belaïd Abane : Il faut revenir à ce que dit Ben Khedda. C’est ce dernier qui a donné les clés du studio [là où a été arrêté Ben M’hidi] à Ben M’hidi. Seuls Ben Khedda, Ouamrane et Ben M’hidi étaient au courant du lieu où celui-ci devait se réfugier. Deux autres personnes connaissaient l’appartement, l’agent immobilier Zanetacci et le courtier immobilier. Mais ce dernier ne savait pas pour qui était destiné l’appartement en question. Par contre, ce que l’on peut imaginer, c’est que les paras n’ont négligé aucune piste. C’est pour cela que je dis que Ben M’hidi a été arrêté par hasard. Ils [les paras] ont dû aller faire des enquêtes dans toutes les agences immobilières pour savoir qui a acheté des appartements, quels sont les Algériens qui ont acheté des appartements dans les quartiers européens. Et, probablement, ils ont pris la liste, ils sont allés frapper à toutes les portes et c’est comme cela – c’est une hypothèse – qu’ils sont tombés tout à fait par hasard dans l’appartement où se trouvait Ben M’hidi.

*Bachir Derrais : – Sur le choix de la liquidation physique – Ce que l’on peut dire, c’est que l’appartement a été donné. Les concernés ne veulent pas dire qui c’est. Les Français le savent. Allaire, il le sait très bien, il confirme qu’il a été donné mais il ne veut pas dire qui c’est.

*Drifa Ben M’hidi : Moi, je n’ai pas vu Allaire, mais ma fille l’a vu. Il dit que Larbi a été donné mais pas par Chergui [Brahim] ou par Yacef Saadi. Mais il dit qu’il ne peut pas révéler qui c’est. D’ailleurs, ma fille est là dans la salle et c’est elle qui a vu Allaire, Isma [et elle désigne sa fille dans la salle d’un geste. Zoom sur Isma qui lève la main, tout sourire, pour se faire identifier et confirmer ainsi les propos de sa mère].

*Brahim Derrais : C’est sûr que l’adresse a été donnée. Moi, Brahim Chergui, c’est moi qui l’ai défendu le premier. J’ai dit à Madame Drifa. J’ai travaillé longtemps avec Brahim Chergui et je suis allé voir Madame Drifa, je lui ai dit que Brahim Chergui il est innocent. Je l’ai filmé pendant quatre heures. J’ai vu que ce n’est pas lui, cela se voyait. Il était prêt à rencontrer Allaire, il m’a même enregistré un message, il m’a dit donne-le à Allaire, comme quoi il dit qu’il a été arrêté après Ben M’hidi. Pourquoi les rapports [des Français] disent-ils qu’il a été arrêté avant Ben M’hidi. Donc, cela ne pouvait pas être Brahim Chergui. Allaire ne veut pas dire qui c’est. Il dit qu’il a été trahi. Il dit qu’il y a beaucoup de versions, il dit qu’on ne leur [aux membres du CCE dont Ben M’hidi fait partie] a pas pardonné la grève des huit jours, il y a beaucoup de versions, c’est très difficile.

*L’animateur de la rencontre : c’est le colonialisme qui, peut-être, veut créer tout cela car il y a intérêt …

*Drifa Ben M’hidi : Dès le départ, ce sont des camarades de Brahim Chergui qui ont dit que c’est Brahim Chergui qui l’a donné, ils l’ont dit à mon père ; et c’est comme cela que nous avons continué à le répéter. Tu ne peux pas ignorer cela. On a cru tout ce qu’on nous a dit. Et c’est vrai qu’ils étaient ensemble en prison. Mais moi, ce que je reproche à Brahim Chergui – [Dieu lui accorde sa miséricorde, de toute façon- Allah yarahmou ala koulli hal, c’est un frère]- avant de mourir Larbi a donné à Brahim Chergui sa montre en lui disant de la donner à ma mère et, si ma mère n’est plus en vie, donne-là à ma sœur Drifa. Ma mère est morte dans les années 1990, pourquoi a-t-il gardé le souvenir de Larbi pour sa mère ? Pour moi, c’est une trahison. Pour moi, c’est un moudjahid, il n’a pas à faire cela. Une fois sorti de prison, il devait remettre le bien confié à ma mère.

*Bachir Derrais : Moi, quand je l’ai interrogé sur ce sujet là, il me dit qu’il a remis la montre à la direction du FLN de l’époque, normalement, elle devait être mise au musée. Je lui demande pourquoi tu n’es pas allé voir la mère de Ben M’hidi ? Il m’a dit que Yacef Saadi a commencé à sortir la rumeur comme quoi j’ai donné Larbi Ben M’hidi. Je ne pouvais pas me montrer. Et donc, j’étais recherché pratiquement. C’est vrai, si Brahim Chergui s’était montré à l’époque, il aurait été exécuté. C’est ce qu’il m’a dit. Moi, il m’a dit que la montre, il l’a donnée à quelqu’un, pour la transmettre à la famille ou à l’armée ou … moi, c’est ce’ qu’il m’a dit …

*Drifa Ben M’hidi : Je suis allée à l’organisation des moudjahidines (ONM), je suis allée au musée de Makam echahid (sanctuaire du martyr), il ne l’a pas fait, cela, il ne l’a pas fait. Il ne l’a pas trahi, on le dit, c’est vrai, en définitive. Mais il y avait des doutes après l’indépendance, beaucoup de doutes. Mais maintenant, on dit que ce n’est pas lui …

*Témoignage de Abbas Khaled, ancien moudjahid qui se lève de la salle pour intervenir – Il s’adresse à Bachir Derrais en préliminaire car il est le réalisateur du film « Larbi Ben M’hidi » – : Il y en a encore trois ou quatre survivants qui connaissent la vérité. J’aimerai bien que dans un autre film vous vous entreteniez avec eux, car, quand on ne fait que lire, parfois on se trompe [on lui demande qui sont ces trois ou quatre personnes, il ignore la question]. Je suis arrivé en retard, je ne sais pas ce que vous avez dit avant. Mais, sur l’arrestation de Ben M’hidi, je suis là et je vous emmène. L’arrestation de Ben M’hidi, après la grève des huit jours, les militaires français, Massu et les autres, ont formé des groupes habillés en civils et qui étaient chargés d’aller dans toutes les agences immobilières d’Alger. Ils sont allés notamment chez l’agent immobilier Zanetacci. Ce dernier avait une vieille femme comme patronne, que je connais bien. Ils lui ont demandé « à qui tu as loué ces derniers jours ? » . Ils ont dit cela car ils ont appris que des appartements ont été loués … Comment ? Car, à l’époque, ils ont arrêté beaucoup de monde. Il y en a qui ont parlé. Mais personne ne connaît la vérité [c’est-à-dire le lieu où se trouve Ben M’hidi] ; que font les soldats français ? Habillés en civil, ils vont chez la vieille de Zanetacci. Elle dit avoir loué mais ne sait pas qui sont les locataires. Mais on a un Arabe, là-bas, qui s’occupe des locations. Mais cet Arabe, je ne peux pas dire son nom, car c’est une grande famille d’Alger qui avait, rue Bab-Azzoun, un grand magasin, le plus grand magasin de vêtements, juste à côté du pharmacien de l’entrée de Bab-Azzoun. Une grande famille connue. On lui a demandé « à qui tu as loué ? ». Il leur dit j’ai loué à flen ouaflen ouaflen [à X, X et X]. Ces lieux loués [là où ils ont trouvé les responsables] à qui tu les as loués ? Il répond avoir reçu le docteur Chaulet. Quand il a dit le docteur Chaulet, le militaire [il s’agit probablement du lieutenant Jacques Allaire] a compris. Et pour cela, celui qui veut la confirmation, qu’il vienne, je lui donnerai toute confirmation avec les détails. Que font les militaires ? Ils continuent à progresser, ils montent … Ben Khedda, de lui à moi, m’a dit « moi, j’étais au balcon au premier étage, j’ai vu les soldats monter en notant les numéros d’immeubles ». Que fait Ben Khedda ? Du premier étage, il prend son paquetage et s’enfuit. Il monte. Et où est-ce-qu’il monte ? Il monte chez Abane. Et Abane était où ? Abane était au niveau de la pompe à essence du boulevard du Telemly en montant. Il était en face. Il va chez lui. Abane demande ce qui se passe. Ben Khedda répond « j’ai vu cela, cela… et ils montent en regardant leurs documents par rapport aux numéros des immeubles » Abane lui dit « et Ben M’hidi ? » Ben Khedda répond « je ne sais pas ! » car à l’époque, chacun ignorait où se trouvait l’autre. Abane lui répond « Ben M’hidi est là-bas ! ». Les paras sont allés voir la concierge qui leur dit « oui, j’ai trois locataires : au 1er, 2ème et 4ème étage ». Au 1er, ils ne trouvent personne, pas plus qu’au 2ème étage. Ils montent au 4ème étage. Ils frappent à la porte et demandent : « qui êtes-vous ? » Ben M’hidi répond « Larbi Ben M’hidi ». Que lui dit Allaire ? Il lui dit « on cherchait un chat, on a trouvé un lion ».

Dans un entretien à El Watan le 18 août 2017, on peut lire : –« ma [Drifa Ben M’hidi] rencontre avec Bigeard a eu lieu grâce à mon mari et grâce à ses contacts ». El Watan précise : « Ex commandant de l’ALN de la base de Tripoli et cadre du MALG. La rencontre avec Bigeard a eu lieu dans un appartement à Paris ».

Le 5 août 2018, le site de TSA revient sur le sujet au cours d’un entretien avec Drifa Ben M’hidi : « Dans les années 1980, Drifa Ben M’hidi remua ciel et terre pour rencontrer le colonel Bigeard … « Grâce aux démarches effectuées par mon mari, j’ai pu rencontrer ce tortionnaire à Paris. Il m’a tendu la main pour me saluer. Je lui ai lancé « je ne vous serre pas la main, elle est tachée du sang de mon frère … Est-ce-que c’est vous qui l’avez tué ?
Bigeard : « non, ce n’est pas moi. Je l’ai livré aux services spéciaux, c’est eux qui l’ont éliminé … et je dois admettre que votre frère était un homme très courageux ».

Emission en public de El Djazairia One (anciennement El Djazairia) canal privé, du 21 octobre 2018 animée par Anissa Chaïb qui accueille en vedette, sous les youyou, Drifa Ben M’hidi, « d’une famille de révolutionnaires ». Elle raconte sa rencontre avec le général Bigeard.

Priée par l’animatrice de narrer comment la rencontre a pu avoir lieu, Drifa Ben M’hidi donne cette version : « Un jour [plus loin elle dira qu’elle ne se souvient pas des dates], un Français, je ne sais pas comment il a fait, mais il est rentré en contact avec mon mari, Hassani Abdelkrim, et il lui dit que Bigeard voudrait voir la famille Ben M’hidi. Je ne te raconte pas d’histoire, j’ai sauté sur l’occasion et je dis à mon mari si tu ne veux pas y aller, moi j’y vais. J’ai promis à mon père de chercher à savoir si Larbi s’est suicidé ou non. Nous sommes allés en France, moi et mon mari et j’ai dit à Bigeard je ne comprends pas le français, je ne maîtrise pas votre langue [sous les applaudissements, elle précise] mais moi, c’est pour parler en langue arabe. Je suis une musulmane et je parle en arabe. Choisissez un traducteur. Il me répond « j’ai ramené quelqu’un ». C’était un Marocain, son traducteur. Après, quand nous sommes entrés [mais elle ne dit pas où] j’ai mis mes mains derrière le dos, car lui voulait me serrer la main. Il me dit « je voulais vous saluer, vous faire le baise-main ». Je lui ai dit non, vous avez les mains sales avec du sang des Algériens, y compris celui de mon frère [applaudissements – un invité de l’émission demande en quelle année cela ? réponse wallah [par Allah] je n’ai pas la mémoire des dates. La maîtresse de cérémonie relance, « cela doit être dans les années 1990 » ; [peut-être répond Drifa]. F’hamha ! [il a compris]Il s’est redressé, après s’être baissé pour faire le baise-main [l’animatrice lui fait répéter en arabe ce qu’elle a répondu à Bigeard sur le sang des Algériens qu’il a sur les mains. Applaudissements]. Je demande à Bigeard est-ce-que vous l’avez tué ou est-ce-qu’il s’est suicidé ? Il me regarde et me dit, donc vous ne connaissez pas votre frère bien. Quand il m’a dit cela, je l’ai regardé [visiblement, elle voulait souligner ses doutes, mais l’animatrice vole à son secours pour le show en lui déclarant, toi, à ce moment-là, tu as compris]. Bigeard : « pourquoi, vous croyez qu’un homme aussi courageux que Ben M’hidi se suicide ? » [l’animatrice : bravo ! applaudissements] « la vérité, je ne l’ai pas torturé, je ne l’ai pas tué ! Je n’ai essayé avec lui que le sérum de vérité, je le lui ai dit, c’est tout ce que je te fais, et après on s’explique ». « Il dit lui avoir injecté le sérum et il précise : « Quand Ben M’hidi s’est réveillé, je lui dis Monsieur Ben M’hidi vous avez tout dit; Larbi réagit « attendez, lui dit-il je vous ai dit ce que je voulais bien vous dire [l’animatrice : Ah Bravo ! applaudissements] Drifa continue : Et cela, c’est Bigeard lui-même de sa propre bouche qui l’a dit ». Bigeard : « Je lui dis comment ? Ben M’hidi : « attends, ne me dis rien ; voilà je t’ai dit ceci, ceci, ceci … » « Mais comment ? Je t’ai endormi » « Mais moi, j’ai tenu mon esprit en éveil pour que je te dise ce je voulais bien te dire » [Ben M’hidi raconté par Bigeard]. Drifa : « c’est pour cela que Bigeard est sorti, après, en disant « si j’avais dix hommes comme Larbi Ben M’hidi, j’aurai conquis le monde ! »

– HIZB FRANÇA ET L’ALGÉRIE GOUVERNANTE –

L’Algérie des années 1980 : les faits qui suivent sont tirés de notre ouvrage L’Algérie, l’État et le droit (Paris, Arcantère, 1989, p. 292-296).

Du 13 au 15 septembre 1983, G. Busch, sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires Politiques, est reçu à Alger. Les autorités lui ouvrent l’accès à l’École Nationale d’Administration. Il y prononce un discours devant les élèves, dans lequel il expose longuement les mérites de la politique américaine à l’égard du tiers monde, « basée sur la libre entreprise et la démocratie » .

Dans l’affaire tchadienne, on se rappelle l’intervention du chef de l’État français [François Mitterrand] qui, sous forme d’un voyage éclair à Alger, fait jouer à l’Algérie un rôle inhabituel par rapport à sa doctrine constante depuis 1962 : la dénonciation de principe, systématique, du rôle de gendarme qu’entend jouer l’ex-puissance coloniale en Afrique. Non seulement l’Algérie abandonne ses positions de principe mais appuie l’intervention militaire au Tchad en ouvrant, notamment, son espace aérien à l’armée française. En 1983-1984, F. Mitterrand est autorisé à faire passer une flotte aérienne de 3000 hommes sur N’Djamena.

À partir de 1981 une politique serrée de coopération policière jette aux oubliettes les tentatives de fermeté dans la défense des émigrés face aux assassinats. Les ministres français de l’Intérieur se succèdent à un rythme soutenu pour devenir, depuis, pratique courante.

Les 6 et 7 juin 1987, C. Pasqua, de nouveau à Alger, quelques jours avant qu’un énième Algérien ne succombe à un acte criminel-raciste, est chaleureusement congratulé par son homologue algérien, H. Yala qui, devant des millions de téléspectateurs, lui donne l’accolade…

En octobre 1984, l’hebdomadaire Algérie-Actualité accueille, dans ses colonnes, Bigeard avec, en exergue, un culte rendu au profil du « centurion », ci-devant tortionnaire, célébré comme « baroudeur ». Dès cette époque, et sous prétexte de « dédramatisation de l’histoire », on délivre quitus de l’assassinat de L. Ben-M’hidi. Le tollé soulevé par cette « initiative » n’a d’égal que la volonté manifeste d’en étouffer la résonance…

: « Ben Bella a toujours été et sera toujours un terroriste » … En effet, Ben Bella comme ancien terroriste, l’était en compagnie de qui ? Vis-à-vis de l’opposant l’Algérie gouvernante est prête à s’aligner sur la doctrine coloniale y compris à propos de la guerre de libération nationale.

Le 19 septembre 1987, une émission télévisée, animée par B. Tapie, sur la gestion des entreprises, programmée par Alger, est suivie quelques jours plus tard, des « journées d’étude sur l’autonomie des entreprises », préparant l’ouverture des « débats » à l’APN (assemblée populaire nationale)… Le ministre de la Culture [Bachir Rouis], qui est aussi celui de l’Information, s’adresse aux journalistes en ces termes : « les Algériens sont incapables de faire des émissions pareilles »

Le 2 novembre 1994, le quotidien Le Monde, publie sur la même page :

*un extrait commenté du message à la nation, le 31 octobre, du général Zeroual, annonçant une élection présidentielle avant la fin 1995 [qui se déroulera effectivement].

*et, en bas de page, un Point de vue intitulé « Peureuse incertitude » signé Jacques Massu, ainsi présenté en fin de texte : « Le général d’armée Jacques Massu (cadre de réserve) a notamment commandé la 10ème division parachutiste, puis le corps d’armée à Alger entre 1956 et 1960 et, à ce titre, il a été responsable des opérations de maintien de l’ordre public ».

Le général Massu signe ainsi les liens d’appartenance avec les maîtres d’Alger, ces militaires qui ont transformé l’Algérie en chantier d’extermination, tortures, disparitions, faisant la guerre au peuple, sous toutes ses formes. Le général parachutiste apporte son soutien à ses héritiers en écrivant :

« Quoique occulté depuis trente-six-ans, nos espoirs du 13 mai 1958, nés de l’alliance du peuple et de l’armée française d’Algérie, s’étaient concrétisés par les élans de fraternisation des deux communautés, le mouvement de solidarité féminine et aussi par la naissance de la Vè République. Comment l’euphorie d’alors a-t-elle fait place, aujourd’hui en Algérie à une ambiance d’incertitude peureuse sous le règne de l’assassinat ? … L’armée a toujours participé au pouvoir, à la tête de l’État et des wilayas ; elle a servi avec dévouement, hésitant à utiliser des méthodes adaptées à la lutte contre le terrorisme. Terrorisme qui a eu le temps de se développer dans un pays où celui qui hésite assume les torts. La suppression du français dans les écoles primaires et dans l’administration a été accordée au FIS pour satisfaire sa revendication prioritaire. La langue française, facteur d’unité nationale, était très appréciée des gens évolués, en particulier des Berbères, car, en tirant le pays vers le monde francophone et occidental, elle diminuait l’attraction naturelle vers l’Arabie obscurantiste … Des millions de jeunes, insuffisamment éduqués, ne croyant en rien ni en personne, n’ont qu’un seul but : traverser la Méditerranée et s’installer dans un pays tant décrié hier. Seule l’armée peut sortir le pays de la crise … La démocratie à la française, rêvée par tant d’Algériens, a été ratée en 1962 et ne peut être remplacée que par un régime solide. Il restera ensuite à régler les problèmes économiques sous le contrôle du Fonds monétaire international. Pour faire avaler la potion à un peuple qui souffre depuis son « indépendance », le futur gouvernement légitime aura besoin de toutes les bonnes volontés, et surtout de celles des modérés du FIS, bien organisés dans les quartiers les plus miséreux. Restera à régler le problème le plus délicat : remplacer les centaines de milliers de cadres qui ont fui et qui continueront de fuir, écœurés par la démence du régime promis par les fanatiques … C’est dans la réforme des mœurs, des mentalités et de la religion que réside la solution dans les prochaines décennies … Les forces de l’ordre ont la responsabilité capitale du futur de leur pays. Avec l’aide de l’Occident, leurs moyens doivent leur permettre de réussir ». (souligné par nous)

20 mars 2000 : El Watan – Khaled Nezzar révolté par les accusations de Ali Kafi – « Je ne suis pas un traître » – « … L’État aurait dû amnistier les harkis juste après l’indépendance pour éviter les problèmes d’aujourd’hui … Je peux affirmer une chose, ce sont deux juifs qui ont réglé la question du « qui tue qui » en Algérie. J’ai vu des larmes dans les yeux d’André Gluksman et ça m’a fait beaucoup de peine. Si la venue des juifs est dans l’intérêt de mon pays je ne vois pas pourquoi je m’opposerai à leur venue ».

Le 16 juillet 2004 : RFI titre : « France-Algérie – Les ministres français défilent à Alger » – La suite, signée Monique Mas est largement explicite : « Au lendemain de la réélection triomphale, en avril dernier, du président Abdelaziz Bouteflika, Paris entend renforcer ses relations avec Alger, avec, peut-être même un accord de défense en perspective. (souligné par nous). Michèle Alliot-Marie, la ministre française de la Défense sera les 17 et 18 juillet dans la capitale algérienne pour une série d’entretiens au plus haut niveau, avec le président Bouteflika en particulier. Sa visite officielle succède à celle du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, venu lui aussi lundi et mardi dernier, relancer les relations bilatérales entre les deux pays. L’Algérie qui renoue avec la croissance (depuis l’emballement à la hausse des cours du pétrole) est très courtisée, en particulier par les États-Unis. En dépêchant à Alger sa ministre de la Défense, une première dans l’histoire franco-algérienne, Paris tente aussi de faire valoir ses attraits en Méditerranée. Le président français Jacques Chirac a déjà fait le déplacement par deux fois, le 2 mars 2003 et le 15 avril dernier, une semaine après la victoire aux urnes d’Abdelaziz Bouteflika qui a recueilli près de 85% des suffrages. Avant le chef de la diplomatie française et la ministre de la Défense, dont le déplacement en Algérie pour une visite politique constitue une première du genre, soulignée comme telle par ses propres services, Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l’Intérieur désormais chargé de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, était lui-aussi venu prendre le pouls d’Alger où il a promis de revenir le 27 juillet. Le 15 août, Abdelaziz Bouteflika aura une nouvelle occasion (il a déjà été reçu cinq fois par son homologue français) de leur rendre la politesse en participant aux cérémonies commémorant le soixantième anniversaire du débarquement des Alliés en Provence, un clin d’oeil peut-être au projet d’accord de défense bilatéral qu’il réclamerait depuis août 2002 si l’on en croit l’hebdomadaire satyrique français, le Canard enchaîné… Michel Barnier explique que la France souhaite conclure d’ici l’année prochaine Après le passage de Michel Barnier, une nouvelle École supérieure algérienne des affaires délivrera des diplômes reconnus en Algérie et en France … Vue de France, l’Algérie est un partenaire incontournable, y compris en matière de défense intérieure et d’échanges de renseignements … Selon les chiffres du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l’Algérie a consacré 2,1 milliards de dollars à ses dépenses militaires en 2003, à peu près autant les années précédentes, 3,7% deson produit national brut en 2002. Un budget intéressant pour un fabricant d’armes comme la France ».

28 mai 2006 : El Watan – Des experts américains à l’APN – former les députés sur la relation élu-électeur et l’information publique –El Watan – [En finançant la création et le fonctionnement de l’Institut de formation aux études législatives, l’IFEL, situé à l’annexe de l’APN à El Anasser (ex Ruisseau), les USA veillent à la formation des députés, des sénateurs et des membres de l’encadrement des deux assemblées à travers un programme d’experts depuis 2005] – « Animé à la salle de conférences de l’APN par cinq experts américains et avec le soutien financier du département d’État, cette rencontre de quatre jours entre dans le cadre de l’initiative dite du Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI). Lors de son intervention, le président de l’APN a qualifié l’atelier en question d’une nouvelle pierre apportée à l’édifice des relations « croissantes » et « traditionnellement bonnes » entre l’Algérie et les États-Unis d’Amérique. De l’avis des parlementaires algériens, ce type d’atelier procure à l’Algérie et aux États-Unis d’Amérique, en tant que partenaires d’un projet conjoint, l’opportunité pour chacun de prendre connaissance de l’expérience de l’autre dans tout ce qui s’attache au processus législatif, d’échanger toutes les bonnes pratiques capitalisées en savoir-faire probants dans ce domaine, de densifier les relations parlementaires en tissant entre les deux institutions un faisceau de passerelles humaines et en tirant profit de tout ce qui, dans l’expérience américaine riche de plus de 200 ans d’histoire parlementaire, peut être efficacement transposé dans le système législatif algérien. Pour Amar Saadani, cette rencontre est également un nouvel événement à inscrire au programme d’une coopération parlementaire algéro-américaine déjà dense et multiforme depuis quelques années. L’orateur a expliqué que l’élu, dans sa relation avec l’électeur, a vocation à agir en véritable vigile politique, dont la mission première est d’anticiper toute fracture qui pourrait apparaître entre l’administré et l’administration, entre le gouverné et le gouvernant, et ce, en étant constamment à l’écoute des doléances de ses concitoyens, de ses préoccupations, de ses difficultés et de ses souffrances mais aussi de ses espérances. De son côté Jeremy Eadows, directeur du programme de NCSL (National conference of state legislature) a exposé … l’historique, les objectifs, les activités et les programmes internationaux de NCSL … Selon le conférencier, les législateurs se tournent vers la NCSL pour les aider à élaborer des lois et à rechercher des experts pouvant témoigner devant les comités… La NCSL a fréquemment recommandé des plans de réorganisation de diverses législatures organisées de manière très différenciées. La NCSL organise, par contre, des ateliers sur des questions particulières et des programmes de formation pour les législateurs et le personnel des institutions législatives … Par ailleurs, Steve Rauschenberger, membre du Sénat de l’Illinois et président de l’Organisation de coordination des chambres législatives des 50 États américains fédérés et aussi président de la NCSL, a affirmé que les États-Unis « sont impressionnés par la démocratie algérienne et que son pays est très optimiste quant à son avenir ». M. Rauschenberger admettra que c’est, entre autres, cette raison qui a poussé le département d’État à s’intéresser à l’Algérie et ce, à travers le programme d’échanges parlementaires qui vise beaucoup plus le renforcement des liens entre l’Algérie et les États-Unis … Cet atelier, auquel ont pris part quelques députés et des sénateurs, a pour but de former les élus aux techniques de communication avec les électeurs de leur circonscription pour que se développent avec les citoyens des liens confiants de proximité fondés sur l’écoute, la compréhension et l’adhésion participative … ».

20 juin 2008 : Le Figaro – François Fillon à Alger pour signer un accord militaire – « … Dix ans après la décrue de l’insurrection islamiste, la France et l’Algérie vont signer un accord de coopération militaire inédit. Le protocole devrait être paraphé ce week-end par le ministre de la Défense, Hervé Morin, qui accompagne lors de sa visite en Algérie, samedi et dimanche, le premier ministre, François Fillon. Le document concerne la formation et l’échange de personnels et devrait ouvrir la voie à des contrats d’armement. C’est du moins le souhait de Paris. Alger pourrait être intéressé par l’achat d’une frégate ou d’hélicoptères. D’où la présence des patrons du groupe de construction navale militaire DCNS et du consortium européen EADS. Mais l’essentiel est ailleurs. L’accord marque un rapprochement politique spectaculaire entre la France et un pays où les militaires continuent à jouer un rôle déterminant en coulisses … À valeur essentiellement symbolique, l’entraide en matière de défense s’accompagne de la signature d’un accord spectaculaire sur le nucléaire civil. Ébauché lors de la dernière visite en Algérie de Nicolas Sarkozy, la coopération entre les deux pays devient effective. Paris va aider l’Algérie à se doter de centrales atomiques dans les vingt ans qui viennent. La France coiffe ainsi sur le fil les États-Unis. Une manière, pour l’Algérie, de préparer l’après-pétrole, et pour Areva d’engranger des contrats tout en participant à des prospections d’uranium. Un protocole dans le domaine des impôts, de l’assurance et de la banque doit également être visé pour sécuriser un climat des affaires jugé pas assez fiable par les opérateurs français … ».

8 et 9 juillet 2009 : – Le commandant de la Gendarmerie française à Alger Sur invitation du général-major Ahmed Boustila, commandant de la Gendarmerie nationale, le général d’armée Rolland Gilles, directeur général de la Gendarmerie française, accompagné d’une délégation, effectue une visite officielle en Algérie … Cette visite s’inscrit dans le cadre de l’accord de coopération en matière de sécurité publique et de lutte contre la criminalité organisée conclu entre les gouvernements des deux pays. Elle vise à consolider et promouvoir des relations mutuellement bénéfiques par la formation des cadres, l’échange d’informations, d’expériences professionnelles et des résultats de recherches en criminalistique et en criminologie. Au cours de son séjour, le directeur général de la Gendarmerie française paraphera avec son homologue algérien le protocole de coopération et de partenariat entre les deux institutions qui permettra de resserrer les liens de coopération et d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations par la mise en œuvre d’actions concrètes. Ce premier jalon permettra aux deux parties, préoccupées par la menace que constitue la criminalité organisée sous toutes ses formes, d’identifier les mécanismes permettant de promouvoir davantage la coopération. Il est à préciser que les visites effectuées par le commandant de la Gendarmerie nationale en France en 2005 et celle du directeur de la Gendarmerie française en Algérie en 2006 ont donné une nouvelle impulsion aux relations bilatérales entre les deux institutions… ». Dépêche de l’APS reprise notamment dans Liberté , 9 juillet 2009.

11 février 2011 : Le Soir d’Algérie L’Algérie …et les sociétés étrangères de sécurité –

Le Soir d’Algérie reprend une information postée par un « Cabinet de consulting intelligence économique et stratégie » : « L’affaire d’espionnage présumée dont a été victime le constructeur français Renault pose, de nouveau, la problématique de la présence des sociétés étrangères en Algérie. GEOS, Risk&Co, Contrôle Risk, Erys sont autant d’opérateurs qui interviennent, en toute illégalité, dans un secteur hautement sensible.

« Luc Michel, l’homme par qui le scandale est arrivé. Cet ancien officier des forces spéciales de l’armée française aurait fourni au constructeur automobile Renault des informations sur l’existence d’opérations d’espionnage au profit d’industriels chinois. Il s’avère que toutes ces informations ont été récoltées puis transmises à partir d’Alger, Luc Michel étant, jusqu’au 1er février, directeur des opérations de l’antenne locale de GEOS, le principal groupe français de sécurité. En agissant en « free lance » (c’est la version présentée par son ex-employeur), il est définitivement sorti de l’ombre après avoir activé dans la plus totale discrétion. Installé à Alger depuis 1994, il a rejoint officiellement l’équipe de GEOS Algérie en 2007, au plus fort des attentats kamikazes qui ont ciblé la capitale. Client assidu d’un restaurant italien des hauteurs de la ville, Luc Michel est connu pour être un grand spécialiste du dossier sécuritaire algérien… Le scandale franco-français ne doit surtout pas occulter une réalité bien algérienne : les activités de GEOS se déroulent dans la plus totale illégalité. Cela est valable pour toutes les sociétés étrangères de sécurité. Cette situation n’est pas nouvelle, elle dure depuis plusieurs années. « Nous n’avons pas délivré d’agréments à ces sociétés étrangères. Elles n’ont aucune activité en Algérie », avait déclaré Noureddine-Yazid Zerhouni, alors ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (Le soir d’Algérie, 25 mai 2009). Quelques mois plus tard, Abdelkader Ouali, le secrétaire général de ce département, avait adressé un sérieux rappel à l’ordre à l’ensemble des sociétés privées de gardiennage [algériennes] afin qu’elles n’entretiennent aucune relation avec ces opérateurs étrangers. « Les textes qui régissent les activités de gardiennage, de transport de fonds et de produits sensibles (décret 16-93 du 4 décembre 1993…) explicitent les conditions et les modalités d’exercice de ces activités afin d’éviter les dérives et les dépassements. Dans le cadre du suivi de ces entreprises, des dépassements ont été constatés en matière de sous-traitance et de partenariat au profit de sociétés étrangères dans le domaine des prestations de sécurité. Ces actes sont considérés comme une violation dangereuse du cadre réglementaire et exposent les contrevenants à de sévères sanctions (…) Les risques que comportent ces violations m’incitent à vous rappeler que vous êtes tenu de vous conformer pleinement à la législation et aux directives (du ministère de l’Intérieur) afin d’éviter toute forme de partenariat avec des sociétés étrangères dans le domaine des prestations de sécurité », précise cette note datée du 12 août 2009 (Le Soir d’Algérie, 27 août 2009)… Mais il semble que rien n’ait changé depuis. Le marché de la sécurité en Algérie reste une chasse-gardée que se partage une trentaine de groupes étrangers. Ils sont essentiellement d’origine française. Il y a bien sûr GEOS, Risk&Co, Control Risk ou encore Erys. Ils s’accordent un semblant d’existence « légale » en s’inscrivant au Centre national du registre de commerce (CNRC) sous couvert du statut d’agence de consulting et disposent tous de bureaux de représentation à Alger. Mais l’essentiel de leurs relations commerciales sont traitées en Europe selon un système bien rodé. Lorsqu’une entreprise décroche un contrat en Algérie, elle fait appel à un groupe de sécurité pour prendre en charge la gestion sécuritaire. Ce dernier élabore des études en se basant sur des informations sécuritaires qu’elle collecte à différents niveaux. Des informations hautement sensibles qui, théoriquement, relèvent des services de sécurité. Au terme de cette première phase, la société de sécurité présente à son client un « plan de défense du site ». Comme son nom l’indique, ce document comprend toutes les données en termes de menaces, de risques ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour y faire face. Mais voilà, l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de défense d’un site industriel sont strictement réglementées en Algérie. Elles sont du ressort exclusif de la Commission de sécurité de wilaya. Présidée par le wali, cette instance est composée du commandant de groupement de la Gendarmerie nationale, du chef de Sûreté de wilaya, du commandant du secteur opérationnel de l’ANP, du directeur de la Protection civile et du représentant du CTRI [centre territorial de recherche et d’investigation – antenne du DRS dans chaque région militaire ; les CTRI sont nés début 1993 de la fusion des antennes de la DCE – direction du contre-espionnage – et de la DCSA – direction centrale de la sécurité de l’armée – ; voir à ce sujet Mohammed Samraoui Chroniques des années de sang, Paris, Denoël, 2003, p. 314]. Ce document est d’autant plus sensible qu’il représente un segment du plan de défense nationale. Mais voilà, toutes ces informations sont détournées et vendues au prix fort. Généralement, il n’existe aucune trace de ces prestations en Algérie puisqu’elles sont échangées à l’extérieur du pays. Outre les services de consulting, les groupes comme GEOS se chargent également du suivi des opérations durant la phase de réalisation du projet ou, à plus long terme encore, lorsqu’il s’agit d’une unité de production. Afin d’assurer cette mission, les sociétés font appel à des « personnels très qualifiés ». Ce sont généralement d’anciens officiers des services de renseignement, des gendarmes, des policiers et des officiers des troupes d’élite, des légionnaires notamment. Officiellement, ces hommes occupent le poste de « coordinateur logistique »alors que sur le terrain, ils agissent en qualité de chef de la sûreté. Pour la relève mensuelle, ou back-to-back, la société engage un remplaçant qui, généralement, entre sur le territoire algérien avec un visa d’affaire ou de tourisme. Ce dernier n’est jamais déclaré auprès des organismes algériens chargés du travail et de la sécurité sociale. En plus d’avoir sous ses ordres des dizaines d’agents de sécurité algériens, le chef de sûreté a également pour mission de transmettre tous types d’informations à l’antenne d’Alger. De par son implantation, GEOS peut aujourd’hui avoir une vue d’ensemble de la situation sécuritaire du pays. Autant dire que les violations des principes de base [de] souveraineté sont multiples. Mais le plus étrange dans ce business reste le silence des autorités algériennes. Comment expliquer que des entreprises étrangères puissent activer en totale illégalité dans un secteur aussi sensible. La question reste, aujourd’hui encore, sans réponse.

3 décembre 2011 : El Watan – Les inconfortables exigences des usages diplomatiques – « Il [le ministre algérien des Affaires Étrangères] sera également l’invité de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale [française], où il fera une présentation des grands axes de la diplomatie algérienne, notamment dans ses différentes sphères d’appartenance arabe, africaine et méditerranéenne ainsi que sur les grandes lignes du programme de réformes politiques, engagé depuis avril dernier et visant à consolider le processus démocratique en Algérie. » C’est l’information publiée hier par le porte-parole du ministère, Amar Belani… Cela a bien évidemment suscité des réactions assez critiques sur le fonctionnement de notre diplomatie. On voit très mal le fait que notre ministre des Affaires étrangères aille se faire « auditionner » par des parlementaires français sur des questions qui concernent en premier lieu les Algériens, « les réformes politiques » et d’autres thèmes liés aux différents domaines de la politique extérieure du pays. Mourad Medelci aura certainement à répondre à des questions et à donner des explications sur la position de l’Algérie par rapport aux mutations politiques que vit le Monde arabe. La posture est incontestablement gênante, même si certains tenteraient de convaincre l’opinion publique qu’une telle démarche est intégrée dans les usages diplomatiques et ne diminue en rien « l’orgueil national ». Mais si la pratique fait effectivement partie des mœurs des relations internationales, il est difficile de comprendre cette propension de notre diplomatie à rendre compte ou à expliquer à des députés français les orientations de la politique extérieure du pays. Cela fait des mois et des mois que les Algériens attendent d’être éclairés sur la politique extérieure de leur pays, et c’est finalement aux Français qu’il a été décidé de la livrer. Vous imaginez-vous un Alain Juppé, chef de la diplomatie française, venir exposer, devant les membres de la commission des affaires étrangères de l’APN, des questions internes à la France ou expliquer les positions de la diplomatie française ? Cela n’est jamais arrivé. Ce n’est pas dans nos traditions parlementaires ! Et c’est la raison pour laquelle les Algériens ont légitimement le droit de s’interroger sur une démarche qui peut susciter de réelles controverses. Au ministère des Affaires étrangères, on semble bien conscients de la mesure des réactions qu’allait provoquer l’information sur le passage de Mourad Medelci devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Et c’est pourquoi son porte-parole a tout de suite enchaîné, toujours sur sa page facebook, avec une autre information dont voici la teneur : « Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, sera l’invité, dimanche 4 décembre (demain), de la commission des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la communauté algérienne à l’étranger du Conseil de la nation. Le ministre fera une présentation sur la diplomatie algérienne face aux mutations en cours sur la scène internationale et, plus particulièrement, les changements intervenus dans notre environnement régional ». Nous avons cherché dans l’agenda du Sénat la programmation de cette activité du chef de la diplomatie algérienne, en vain ! A-t-elle été programmée hier vendredi ? Aucune institution ne travaille pourtant ce jour de week-end. Il est à parier donc que la séance n’est insérée dans l’agenda du Conseil de la nation, non pas dans l’objectif de communiquer sur notre diplomatie, mais rien que pour empêcher la polémique que pourrait susciter l’audition de Mourad Medelci par la commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale française. Questionnée sur cette visite, l’attachée de presse de l’ambassade de France, Mme Loan Forgeron, dit qu’elle-même l’a apprise par le biais du journal électronique Maghreb confidentiel. « L’Algérie et la France sont tellement proches que les échanges sont intenses, qu’on ne peut pas tout savoir », dira notre interlocutrice. Effectivement, on assiste, d’un côté comme de l’autre, à un véritable ballet diplomatique entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a reçu, avant-hier à Alger, le secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères et européennes, Pierre Sellal. L’entretien a porté sur l’état des relations bilatérales, y compris sur certaines questions liées aux conditions de séjour des ressortissants algériens en France, ainsi que sur certaines questions régionales telles que la crise syrienne, la situation au Maghreb en général et en Libye en particulier. Cette visite intervient à la veille de celle du ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, attendu demain à Alger, à l’invitation de son homologue algérien, Daho Ould Kablia ».

7 décembre 2011 : video sur Youtube d’une durée de 1 heure 23 minutes – Audition du ministre algérien des Affaires Étrangères par la commission des A.E. de l’Assemblée nationale française présidée par Axel Poniatowski (A.P.) –

– A.P. : « Votre audition, M. le ministre, ouverte à la presse, est l’occasion de faire le point sur les relations entre nos deux pays. On assiste depuis 2000 à un rapprochement entre la France et l’Algérie, marqué par la relance de la coopération à travers la construction d’un partenariat d’exception. Les visites ministérielles se succèdent et les initiatives pour renforcer la coopération fleurissent ; je pense en particulier à la mission confiée par notre président de la République à M. Jean-Pierre Raffarin en faveur de la relance des relations économiques entre nos deux pays. Cette tendance et cette situation nous réjouit, nous satisfait. À l’aune du printemps arabe, votre audition est aussi l’occasion de vous entendre sur les réformes importantes annoncées par le président Bouteflika en avril et en mai dernier, après la levée de l’état d’urgence décidée en février. La Constitution algérienne doit être révisée en 2012 et diverses lois sont en cours d’examen afin de réformer le fonctionnement des institutions algériennes. Pourriez-vous faire le point sur l’état d’avancement de ces réformes et sur l’accueil que leur réserve la population algérienne. Si vous en êtes d’accord, je vous cède la parole pendant une quinzaine de minutes, après quoi, nos collègues auront des questions à vous poser ».

Mourad Medelci (M.M.) : « Merci, M. le président, excellences, mesdames et messieurs, chers amis, le 20 novembre 2007, vous m’avez fait l’honneur de me convier à une première audition dont j’ai conservé un excellent souvenir. Je suis heureux d’être aujourd’hui parmi vous, quatre ans après dans cette même enceinte pour échanger avec mesdames et messieurs les députés sur les évolutions enregistrées depuis et nous sommes d’accord, bien entendu, pour constater ensemble qu’elles ont été importantes au niveau de la région méditerranéenne à laquelle nous appartenons tous en particulier. Le débat qui sera engagé entre nous permettra sans doute de nous donner l’occasion de les évoquer pour tenter d’en faire une lecture objective, même si l’exercice n’est pas toujours facile. Pour ma part et dans la mesure où il m’a été permis généreusement de choisir les thèmes de mon intervention, je vous propose de mettre l’accent sur les évolutions enregistrées dans mon pays ainsi que sur nos relations bilatérales si importantes pour chacun des deux pays. Les années 2000 ont notamment permis d’engager souvent jusqu’à leur terme annoncé, des réformes profondes qui ont concerné les domaines très importants tels l’école, la justice, l’économie ou les finances. Même la Constitution a connu des évolutions et sans doute, la plus remarquable celle de 2008, celle qui consacre clairement le principe d’une plus large participation de la femme dans les assemblées élues. J’ai bien dit 2008 ! En 2007, j’ai eu, M. le président, à vous remettre le rapport sur l’évaluation faite en Algérie par le mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Depuis, l’Algérie a bien avancé dans le programme d’action qu’elle avait alors annoncé et au mois de janvier 2012, c’est-à-dire dans un mois exactement, notre pays aura l’occasion de présenter son deuxième rapport d’État lors du prochain sommet africain d’Addis-Abeba. Je me réjouis à l’avance de vous le présenter dès qu’il aura été présenté au sommet de l’Union africaine… Le début de cette nouvelle décennie caractérisé au plan régional par des évolutions exceptionnelles a été l’occasion pour l’Algérie d’engager une nouvelle étape des réformes annoncées par le président de la République le 15 avril 2011 : plus de libertés, plus de transparence, plus de participation citoyenne au développement, plus d’ouverture au plan politique et économique, de meilleures réponses aux attentes citoyennes, tels sont les objectifs ciblés tels qu’ils ont été annoncés voilà près de huit mois. Aujourd’hui, le processus est quasiment achevé au plan du cadre législatif qui a eu lieu au terme d’une large consultation préalable a enregistré des avancées indiscutables même si elles resteront perfectibles. Le nouveau cadre législatif permettra d’offrir de meilleures conditions pour préparer les élections législatives prévues au printemps 2012. Le processus de réformes sera consolidé dès le second semestre 2012, vous l’avez dit, M. le président, par la révision de la Constitution dont les dispositions nouvelles et les amendements permettront sans doute de situer au niveau le plus élevé de la hiérarchie des textes des options annoncées en avril 2011 par le Président Boutflika qui a souhaité consacrer pleinement son 3ème mandat au renforcement des institutions républicaines et de l’État de droit à présent que la paix, la stabilité et la croissance ont été rétablies avec des résultats très encourageants et très clairement perceptibles par les Algériens… » .

13 janvier 2013 : L’Obs, Rue 89, Afrique : – Guerre au Mali : Quand Fabius informe les Algériens à la place de leur gouvernement – « L’engagement indirect de l’Algérie dans la guerre contre les groupes islamistes armés au Mali ? C’est le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui l’apprenait aux Algériens en annonçant que leur gouvernement a autorisé le survol sans limite des avions de chasse de l’armée française en direction du Mali. Les discussions entre Paris et l’Algérie à propos de l’intervention militaire contre les groupes islamistes ? C’est aussi M. Fabius qui en parlera en premier sans que les Algériens ne commentent officiellement l’autorisation de survol de l’espace aérien. La fermeture des frontières algéro-maliennes ? C’est encore le même ministre français qui expliquera que les autorités algériennes doivent fermer leurs frontières avec le voisin du sud. C’est encore lui qui avait précisé à la presse que les autorités algériennes avaient été informées au préalable de l’imminence d’une intervention française au Mali. Donc, sur cette guerre au Mali, les dirigeants français parlent aux Français et aux Algériens. Les responsables algériens laissent le soin aux aux responsables français de communiquer à leur place … ».

14 janvier 2013 : El Watan – L’Algérie autorise le survol des avions français – « L’Algérie s’implique dans la guerre contre les groupes terroristes au Mali. Au troisième jour des raids menés par l’armée française contre les bastions islamistes au nord du Mali, Alger a autorisé le survol de son espace aérien aux Rafale français. « L’Algérie a autorisé sans limite le survol de son territoire aux avions français », a indiqué, hier, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Silence radio à Alger. Le département des Affaires étrangères perd la voix ! En portant les opérations dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou, bases arrière des groupes terroristes, la guerre prend ainsi une toute autre ampleur et gagne du terrain. Il faut dire qu’Alger a fort à faire pour la sécurisation de ses frontières. Et qu’à ce titre déjà, elle est appelée à jouer un rôle certain dans cette guerre contre les djihadistes. Il s’agit en effet de faire obstacle à toute pénétration des groupes armés sur le territoire algérien. « Nous travaillons avec les Algériens, nous continuons à discuter. Ce que nous avons à l’esprit, c’est que si les troupes africaines doivent remonter au Nord, il faudra que les Algériens ferment leur frontière » a précisé Laurent Fabius … Alger qui, au début de la crise malienne, donnait l’impression d’être un pays réticent et réservé quant à l’option militaire pour mettre un terme à la terreur que font régner les groupes extrémistes au Nord-Mali, se trouve « incorporé » dans une opération militaire d’envergure internationale. Prémonitoire, l’ancien patron des Services maliens, M. Maïga, avait bien affirmé que l’Algérie « finira par rentrer dans le rang dès que la guerre se déclarera » ! Elle qui a longtemps tergiversé en raison de son incapacité d’anticiper les événements qui s’accélèrent dangereusement à ses frontières … ».

19 avril 2013 : Légifrance (service public de diffusion du droit) – Décret 2013-334 du 19 avril 2013 portant publication de l’accord de coopération dans le domaine de la défense entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire, signé à Alger le 21 juin 2008 [accord signé par Hervé Morin et Abdelmalek Gunenaizia] – le présent accord est entré en vigueur le 1er février 2013 – « …Titre Ier : OBJET ET FORMES DE LA COOPÉRATION – … Article 2 : 1. Le présent accord a pour objet le développement de la coopération entre les Parties dans le domaine de la défense. 2. Dans le cadre du présent accord, les Parties conviennent de mettre en œuvre et de développer leur coopération selon les formes suivantes : a) le maintien et le développement des contacts et des relations entre les ministères chargés des questions de défense des Parties au moyen de visites de hautes autorités politiques et militaires et d’échanges de délégations ; b) le développement d’échanges stratégiques sous une forme appropriée en vue de faire face aux crises et facteurs de déstabilisation susceptibles d’affecter les Parties ; c) la coopération en matière de lutte antiterroriste ; d) la formation du personnel dans les établissements d’enseignement militaire supérieur et de formation spécialisée ; e) l’organisation et l’exécution d’exercices conjoints et l’invitation d’observateurs militaires pour les manœuvres et/ou exercices nationaux ; f) la tenue d’escales de navires de guerre, de visites dans les bases et les unités militaires ; g) l’échange de vues dans le domaine de la défense et de la doctrine d’emploi des forces militaires, y compris l’échange de renseignements à caractère militaire sur des domaines déterminés par accord mutuel ; h) la coopération dans le domaine de la santé militaire ; i) la promotion et le développement de la coopération en matière de technologies spatiales, d’observation spatiale, de géographie militaire et hydrographie ; j) l’acquisition de systèmes d’armes, d’équipements et de matériels de défense et des services afférents, leur modernisation ainsi que l’échange d’expérience en la matière ; k) la promotion et le développement de la coopération dans le domaine de la recherche scientifique et de technologie de défense, ainsi que le partenariat en matière d’industrie de défense et de transfert de technologies ; l) toute autre activité décidée conjointement par les Parties afin de promouvoir une coopération plus étroite entre leurs services chargés des questions de défense. 3. La mise en œuvre de la coopération prévue par le présent accord relève principalement de la compétence des ministres de la défense des Parties. Si nécessaire, les modalités de mise en œuvre peuvent être précisées par voie d’arrangement … »

22 avril 2013 : Le Quotidien d’Oran – Le président du Conseil constitutionnel français, Jean-Louis Debré, sera à Alger pour participer à la journée d’étude qu’organisera, le même jour, le Conseil constitutionnel algérien sous le thème « l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel » – « Le président du Conseil constitutionnel français présentera l’expérience de son pays au sein de cette institution et donnera une communication sous le thème « La question prioritaire de constitutionnalité ». Cette journée d’étude, la deuxième après celle organisée le 13 janvier dernier par le Conseil constitutionnel algérien sous le thème « la démocratie par le droit » sera inaugurée par Tayeb Belaiz, le président du Conseil constitutionnel, ancien ministre de la Justice et garde des Sceaux. L’événement sera également marqué par la présence de plusieurs hauts responsables algériens à l’image de Mohamed Charfi, ministre de la Justice, garde des Sceaux, les présidents des deux chambres Mohamed Larbi Ould Khelifa et Abdelkader Bensalah, le général major Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, les présidents de cours, des parlementaires, des magistrats, des professeurs d’université, des experts en droit ainsi que les anciens présidents du Conseil constitutionnel. La seconde communication qui se déroulera dans l’après-midi sera donnée par le professeur Ahmed Mahiou, directeur de recherche émérite au CNRS sous le thème « l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel aux membres du parlement » …

17 juin 2013 : El Watan – Washington s’intéresse à la révision constitutionnelle –  » Nous avons aussi discuté, dans certaines de mes réunions, avec les responsables algériens des réformes constitutionnelles qui ont été énoncées et sur le travail nécessaire pour les mettre en œuvre pleinement pour répondre aux aspirations du peuple algérien. Ce sont là les propos que la sous-secrétaire d’État américaine chargée des Affaires politiques, Wendy Sherman, a tenus hier lors d’une conférence de presse sanctionnant deux jours de visite à Alger, la dernière étape d’un périple nord-africain que la responsable américaine a effectué en se rendant en Libye, en Égypte, en Tunisie et au Maroc. Des pays ayant diversement vécu des bouleversements politiques depuis janvier 2011. Le vent de la colère est aussi passé par l’Algérie et des réformes ont été engagées, mais qui sont restées en deçà des attentes de la société civile qui les a qualifiées de non-réformes. Wendy Sherman… en sait aujourd’hui plus sur le projet de révision constitutionnelle que l’opinion publique algérienne… ».

25 juin 2013 : Le Soir d’Algérie 2013 – Situation sécuritaire – Les experts sécuritaires « scannent » le Sahel – « La ville d’Oran abrite depuis hier, la deuxième session plénière du groupe de travail sur le Sahel, présidée par l’Algérie et le Canada et dépendant du Forum mondial contre le terrorisme. Des experts de 28 pays occidentaux et du Sahel ainsi que des représentants de l’Union européenne et des Nations Unies prennent part à cette rencontre au niveau du Centre des Conventions d’Oran, qui sera clôturée aujourd’hui. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de Kamel Rezzag-Bara conseiller à la présidence de la République » [il faut ajouter conseiller aux affaires sécuritaires ». Rappelons que Kamel Rezzag-Bara, avocat, a été président de l’Observatoire des droits de l’homme en 1992].

20 octobre 2013 : Le Quotidien d’Oran : Forum Crans Montana – L’Algérie à l’honneur – « Le ministre de la communication, M. Abdelkader Messahel, a reçu, vendredi [18 octobre] à Bruxelles, le prix 2013 du Forum de Crans Montana… Les prix et médailles 2013 … récompensent des personnalités et des pays qui se sont distingués par des actions, initiatives ou programmes en faveur du développement, de la paix et de la sécurité … Rappelons que le Forum Crans Montana a organisé jeudi et vendredi [17, 18 octobre] une rencontre thématique portant sur « les nouvelles menaces terroristes et leur impact sur les courants internationaux d’affaires et l’industrie pétrolière et gazière ». Invité à la tribune, M. Abdelkader Messahel a mis en évidence l’expertise algérienne en matière de lutte antiterroriste et son engagement, au plan international, dans l’éradication du fléau terroriste. Citant l’exemple de l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine de janvier 2013 et la riposte fulgurante des forces armées algériennes, M. Messahel a tenu à rassurer les investisseurs internationaux sur le climat sécuritaire en Algérie d’une manière générale. C’est pourquoi la distinction de l’Algérie par le Forum Crans Montana est, selon les observateurs présents, une marque de confiance pour l’encouragement des investisseurs, notamment ceux visant le secteur des hydrocarbures, à s’impliquer en Algérie. Car, il faut rappeler la campagne de méfiance menée par certains milieux d’affaires étrangers au lendemain de l’attaque terroriste de Tiguentourine pour faire fuir les gros investisseurs. C’est donc un juste retour des choses que cette nouvelle distinction de l’Algérie à travers son ministre de la Communication. Dans son intervention précédant la remise des prix, le président du Forum Crans Montana a tenu à souligner la qualité des rapports de son institution avec l’Algérie et son président : « Dès son élection en avril 1999, le président Abdelaziz Bouteflika m’a téléphoné en promettant que Crans Montana sera parmi ses premiers voyages et il a tenu sa promesse. » L’orateur a ajouté que « c’est à partir de Crans Montana que le président Bouteflika a annoncé au monde sa volonté de faire aboutir sa politique de concorde civile et de réconciliation nationale ». Il a, par ailleurs, déclaré sa foi dans le rôle majeur que peut jouer l’Algérie dans la construction maghrébine ».

27 mai 2014 : El Watan : – Le patron de la gendarmerie française à Alger – « Moins d’une semaine après la visite à Alger de Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, c’est au tour du directeur général de la Gendarmerie française, le général d’armée Denis Favier, d’être reçu, hier, par le général-major Ahmed Bousteila, commandant de la gendarmerie nationale. Accompagné d’une importante délégation, le directeur général de la Gendarmerie française a été accueilli au niveau du commandement national où des rencontres ont été tenues en présence de hauts cadres de la Gendarmerie nationale algérienne et leurs homologues français. D’une durée de deux jours, cette visite de travail a pour objectif de « mieux coopérer et coordonner les efforts entre les deux parties à l’effet de mieux appréhender, notamment, la menace terroriste au niveau des frontières sahélo-sahariennes et de développer le partenariat et les perspectives de la coopération dans des domaines d’intérêt commun ». Les entretiens ont, également, porté sur un échange d’approches au sujet des préoccupations sécuritaires qui caractérisent la scène internationale, plus particulièrement dans la sous-région du Sahel, en vue de rapprocher les visions en perspective d’une meilleure coordination des efforts pour asseoir des solutions fiables et durables au contexte sécuritaire prévalant dans cette sous-région à risques. La délégation de la Gendarmerie française a également visité le détachement spécial de l’intervention de la Gendarmerie nationale (DSI) à Alger, où des explications ont été données concernant l’intervention et les missions confiées à cette unité opérationnelle dans le cadre de la lutte contre la criminalité et l’intervention spéciale ».

4 juillet 2014 : Le Soir d’Algérie : – Séminaire sur la sécurité en Afrique du Nord – « Huis clos de rigueur imposé par les Américains au séminaire sur « les menaces transnationales en Afrique du Nord ».

7 juillet 2014 : El Watan – Participation de l’Algérie au défilé du 14 juillet à Paris – « L’information de la participation de l’Algérie aux festivités de célébration du centenaire de la Première guerre mondiale, à laquelle ont pris part des milliers d’Algériens mobilisés de force par l’armée coloniale française, avait été annoncée d’abord par des médias français, avant d’être confirmée par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius ».

9 juillet 2014 : El Watan : – Défilé du 14 juillet à Paris – La polémique sur la participation algérienne enfle –« La participation algérienne aux célébrations du 14 juillet à Paris, coïncidant avec le centenaire du déclenchement de la Première guerre mondiale, fait polémique et suscite débat et réaction des deux côtés de la Méditerranée. L’annonce officielle de la présence algérienne à ces célébrations, faite par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, vient de confirmer l’annonce française. Un peu comme le survol du territoire algérien par les avions français lors du déclenchement de l’opération Serval au Mali, l’opinion publique algérienne est d’abord informée par l’Hexagone de ce que décident les hauts responsables algériens. Mais au-delà de qui informe qui, l’information en elle-même ne laisse pas de marbre. Faut-il prendre cette présence comme un devoir de mémoire envers les 170.000 Algériens ayant pris part, pour la plupart de force, à la Grande guerre, dont 27.000 y ont perdu la vie, ou comme une volonté de tourner la page du lourd contentieux historique entre les deux pays. Les avis sont partagés et les officiels algériens sont avares de réponses … Alors qu’une source du ministère de la Défense nationale affirmait à El Watan, le 18 juin dernier, le refus catégorique de l’ANP de participer aux cérémonies du 14 juillet, l’état-major de l’ANP reste aujourd’hui bien silencieux sur cette question… ».

Screenshot_2021-03-17 VIDEO 14-Juillet un défilé international pour le centenaire de la première guerre mondiale

13 juillet 2014 : L’Instance : El Hadi Chalabi – L’armée algérienne rentre dans le rang – « La présence de l’armée algérienne incorporée au défilé du 14 juillet sur les Champs Élysées introduit une fausse polémique ajustée par les spécialistes de la désinformation. Partie prenante à une telle entreprise, les médias connus pour leur proximité avec les différentes autorités françaises, tentent de désamorcer un tournant crucial dans les choix politiques algériens en présentant l’événement comme une banalité de relations entre deux États souverains, commémorant le centenaire de la Première Guerre mondiale. À travers la présence de l’ANP (armée nationale populaire), il s’agirait de rendre un hommage aux indigènes de nos contrées qui ont combattu au nom de la France entre 1914 et 1918, eux qui, pour la plupart, ont été incorporés de force sur la base des lois de la violence coloniale. Préférant les caricatures au questionnement, les partisans des retrouvailles postcoloniales se gardent bien de rappeler le statut des algériens musulmans dans l’armée française, toutes périodes confondues, la soif d’égalité et le refus constamment opposée à cette dernière. La polémique prétexte à un non-débat se contente d’opposer les grandes divisions mettant aux prises modernistes, accessoirement démocrates et ouverts sur le monde, et traditionalistes, forcément islamisants et tournés vers le passé. Le ministre des Affaires Étrangères choisit le terrain technique pour désamorcer tout énoncé plongeant au cœur de la décision, de son caractère furtif, de son contexte et de ses prolongements. Il se contente d’invoquer l’idée de souveraineté au nom de laquelle se fait la présence de l’armée algérienne et l’association à des hommages communs. Les faux-fuyant officiels tout comme la polémique construite selon un schéma trop bien rôdé pour égarer les esprits ne peuvent combler l’écueil du contexte politique à la fois interne et international dans lequel nous sommes appelés à n’être que des figurants … » [la suite sur notre site].

28 mai 2015 : El Moudjahid : – Algérie-États-Unis, Mme Joan A. Polaschick : « Les entreprises américaines veulent investir davantage en Algérie » – « Les entreprises américaines souhaitent renforcer leurs investissements en Algérie, notamment en hors hydrocarbures, a affirmé, hier, l’ambassadrice des États-Unis à Alger, Mme Joan A. Polaschik, qui a salué les efforts entrepris pour améliorer le climat des affaires. « Nous voulons renforcer nos investissements en Algérie », a déclaré Mme Polaschik à la presse lors d’une visite qu’elle a effectuée au pavillon américain à la 48ème Foire internationale d’Alger inaugurée mardi dernier. Près d’une quarantaine d’entreprises américaines sont présentes à cette manifestation économique internationale représentant différents secteurs d’activités, notamment l’agriculture, les transports, la production pharmaceutique et l’énergie. « Je crois que cette diversité (du stand américain) montre bien la volonté de ces entreprises et du gouvernement américain de soutenir l’Algérie dans sa démarche de diversification et de relance économiques », a-t-elle affirmé en évoquant les technologies de pointe dans lesquelles excellent les entreprises de son pays et l’engagement de certaines d’entre elles à transférer leur expertise et leur savoir-faire. Tout en relevant les insuffisances qui persistent dans le climat des affaires en Algérie, la diplomate américaine a, toutefois, salué les efforts entrepris par les autorités algériennes pour améliorer les conditions d’investissements dans le pays. Par ailleurs, Mme Polaschik a réaffirmé que les relations économiques entre l’Algérie et les USA sont à un niveau « excellent » depuis, particulièrement, ces dernières années. Les entreprises américaines présentes à cette édition de la FIA [foire internationale d’Alger] ont exprimé leur intérêt au marché algérien en souhaitant établir des partenariats durables et gagnant-gagnant. Pour le directeur du développement Afrique du Nord d’une firme américaine en énergie solaire, son groupe mène des négociations avec les deux entreprises nationales Enie (industrie électronique) et Sonelgaz pour réaliser des projets en énergie renouvelable, notamment pour la fabrication des panneaux photovoltaïques. « Notre partenariat, qui se veut un exemple d’une coopération réussie public-privé, s’inscrit dans la démarche du gouvernement algérien pour diversifier son mix energique en misant sur le renouvelable », a indiqué ce responsable à l’APS. Selon le président du Conseil d’affaires algéro-américain (Usabc), Ismail Chikhoune, plusieurs projets algéro-américains dans l’agriculture et les énergies renouvelables essentiellement sont en voie d’aboutissement. Il a fait savoir que cinq mémorandums d’entente seraient signés dimanche prochain sur la création de fermes agricoles et de projets en énergie propre dans des wilayas du pays. Il est à relever que 90% des investissements directs étrangers (IDE) américains en Algérie relèvent du secteur des hydrocarbures, même si les investissements hors hydrocarbures connaissent une certaine progression ».

9 décembre 2015 : Bulletin de la conférence des juridictions constitutionnelles africaines – Jean-Louis Debré à Alger – Debré espère des rapports de coopération réciproques entre les Conseils constitutionnels français et algérien – « Nous souhaitons qu’il y ait entre nos deux institutions importantes des rapports de coopération réciproques. C’est une coopération technique, il est très important pour nous d’avoir le regard de nos amis algériens sur le nouveau Conseil constitutionnel français » a indiqué M. Debré dans une déclaration à la presse à l’issue de ses entretiens avec le président du Conseil constitutionnel, M. Mourad Medelci. Il a ajouté « Avec nos amis algériens, il est important qu’ils nous regardent sur ce que nous avons fait et qu’ils nous disent avec toute la sincérité qui préside dans nos rapports ce qui va et ce qui ne va pas, parce qu’il n’y a de coopération que dans les deux sens ». Après ses entretiens avec M. Medelci, le président du Conseil constitutionnel français a fait une présentation sur l’expérience de son institution constitutionnelle, dans laquelle il a exposé les « importantes avancées » réalisées en matière de contrôle de constitutionnalité ».

7 -8 février 2016 : La France en Algérie [site de communication de l’ambassade de France à Alger] – Visite en Algérie de Mme Anne Hidalgo, maire de Paris (7 et 8 novembre 2016) « Développer les coopérations entre Paris et Alger » –  » Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, effectuera une visite à Alger les 7 et 8 février 2016 à l’invitation d’Abdelkader Zoukh, Wali d’Alger, qui l’accueillera à son arrivée et avec qui elle s’entretiendra. Elle rencontrera au cours de son séjour plusieurs personnalités gouvernementales, parmi lesquelles M. Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales, et M. Ramtane Lamamra, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Elle sera par ailleurs reçue en audience par le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal. Mme Hidalgo sera accompagnée à Alger de Patrick Klugman, son adjoint en charge des relations internationales et de la Francophonie. Paris et Alger ont signé en 2003 un pacte d’amitié et ont engagé depuis cette date d’importants projets de coopération. En mobilisant l’expertise de ses services municipaux, la ville de Paris a notamment soutenu la réhabilitation du Jardin d’Essai du Hamma, qui est redevenu un lieu de loisirs, de formation, de recherche et de sensibilisation aux enjeux environnementaux. Paris a également accompagné la création de l’École de la Propreté à Alger, inaugurée en 2007. À l’occasion de son déplacement, Mme Hidalgo étudiera avec ses interlocuteurs les moyens d’intensifier encore la coopération entre les deux capitales, notamment en matière de réhabilitation urbaine – dans le cadre de la mise en œuvre du plan Alger 2030 – mais aussi dans les domaines de la culture, du tourisme et de l’innovation. Elle rencontrera également des jeunes Algériens (étudiants, créateurs et entrepreneurs) ainsi que différentes ONG à l’Institut Français d’Alger. Mme Hidalgo tiendra une conférence de presse le lundi 8 février à 18h au salon présidentiel de l’aéroport international d’Alger ».

14 mars 2016 : Algérie Presse Services (APS) – « L’Algérie « attachée » à réaliser les objectifs escomptés dans le cadre de l’initiative « 5+5 Défense », en les inscrivant dans les déclarations conjointes des ministres de la Défense des pays membres, a souligné mardi à Alger le directeur des relations extérieures et de la coopération au ministère de la Défense nationale, le général major Aoura Salah, dans son allocution d’ouverture de la 22ème réunion du comité directeur de l’initiative « 5+5 » Défense – « Il a relevé qu’elle (l’Algérie) allait « poser les mécanismes communs pour surmonter les défis, en adhérant à toutes les activités qui se conforment avec sa politique extérieure », précisant que les objectifs inscrits dans la déclaration d’intention des ministres de la Défense des pays membres, « paraissaient très ambitieux ». « On observe clairement que la concertation et l’engagement de nos pays a permis de dépasser toutes les difficultés et les différends, et à préserver le processus de coopération et à développer la confiance et l’entente mutuelles », a-t-il soutenu. Il a rappelé que « l’esprit du travail volontaire, la flexibilité et le pragmatisme qui caractérisent l’Initiative, le nombre et le niveau des activités, en moyenne 325 activités réalisées depuis 2005 jusqu’à 2015, les réunions de haut niveau, les différents exercices conjoints dans le contrôle maritime et la sécurité aérienne, ainsi que le nombre important des projets lancés et ceux en cours de développement, constituent des critères témoignant de l’importance de ce partenariat ». Le même responsable a mis en avant « la volonté de l’Algérie à booster le niveau de coopération dans le cadre de cette Initiative durant sa présidence ». La 22ème réunion du comité directeur de l’Initiative « 5+5 Défense » vise à « déterminer les activités prioritaires à exécuter au titre du plan d’action 2016, et à dégager le programme des activités de coopération pour l’année 2017 ». Il sera également question « d’étudier et de discuter les projets engagés et ceux en cours de maturation au sein de l’Initiative, visant à consolider la coordination, à promouvoir et à concrétiser la coopération dans les domaines de sûreté et de défense au service de la stabilité et de la sûreté en Méditerranée occidentale ». Cela doit se faire à travers « le partage de connaissance et d’expériences que les pays de l’Initiative œuvrent à rendre effectives sur le terrain, dans l’optique de développer et de renforcer les liens de confiance et de compréhension mutuelle, afin de faire efficacement face aux défis et menaces dans la région ». Pour rappel, l’Initiative « 5+5 Défense » a vu le jour suite à la signature de la déclaration d’intention par les ministres de la Défense des dix pays, le 21 décembre 2004 à Paris, dans le but de « consolider la coordination et promouvoir la coopération dans les domaines de sûreté et de défense de ces pays, ainsi que l’échange d’expériences pour une Méditerranée occidentale sûre et stable ». Les travaux de la 22ème réunion du comité directeur de l’Initiative « 5+5 Défense » qui ont débuté mardi à Alger, pour une durée de deux jours, se poursuivent à huis clos ».

13 juin 2017 : El Watan – Le centre d’études maghrébines en Algérie, CEMA, basé à Oran, relaye un appel à projets en direction des artistes algériens toutes disciplines confondues – « Il (le projet) émane de son homologue marocain installé à Tanger, les deux organismes dépendant de l’Institut américain d’études maghrébines (AIMS), une institution dont la mission est de faciliter la recherche scientifique portant sur l’Afrique du Nord. L’appel est formulé dans la perspective de la troisième édition de « Youmein », un festival artistique multidisciplinaire de 48 heures qui se tiendra du 27 au 29 juillet … Le thème retenu porte sur « l’imitation » … Si l’imitation est considérée comme une des sources de l’acte créatif, les interrogations ne manquent pas : comment est-ce-que l’acte d’imiter et d’emprunter devient à son tour une nouvelle forme de culture en dehors de ce que l’on considère « les origines » remettant en question le concept d' »authenticité » … ».

22 juillet 2017 : El Watan – Les éloges du département d’État à l’Algérie – -Le département d’État américain vient de publier son rapport annuel (2016) sur la lutte contre le terrorisme – « Dans le document mis en ligne sur son site web, les Américains font l’éloge de l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme. « Elle a continué, indiquent-ils, une campagne agressive pour éliminer toute activité terroriste à l’intérieur de ses frontières et a soutenu ses efforts de police pour déjouer l’activité terroriste dans les centres urbains ». Rappelant qu’ « Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les groupes alliés à AQMI et les éléments de Daech, y compris la branche algérienne connue sous le nom de Jund Al Khilafah en Algérie étaient des organisations terroristes actives le long de ses frontières », le département d’État estime que c’est « l’instabilité politique et sécuritaire régionale qui a contribué à la menace terroriste en Algérie ». « Les groupes terroristes et les réseaux criminels au Sahel ont tenté d’opérer autour des 4000 km de frontières algériennes », a affirmé la même source pour qui « l’instabilité persistante en Libye, les groupes terroristes opérant en Tunisie, la mise en œuvre fragile de l’accord de paix au Mali, ainsi que le trafic d’êtres humains et de stupéfiants constituaient des menaces extérieures importantes ». Même si « L’Algérie n’est pas membre de la coalition mondiale pour vaincre l’EI, précise le rapport,elle a cependant activement appuyé les efforts de la coalition internationale par d’autres manières, telles la contre-messagerie, les programmes de renforcement des capacités avec les pays voisins et la coprésidence du groupe de travail sur le renforcement des capacités de la région du Sahel (SWG) du forum mondial contre le terrorisme (GCTF) ». Le département d’État relève aussi l’adaptation de la législation algérienne à la lutte internationale contre le terrorisme. « Le président (Abdelaziz Bouteflika ndlr), précise la même source, a signé une nouvelle loi en 2016 en ajoutant des articles au code pénal algérien et élargissant la responsabilité pénale concernant les terroristes étrangers, ceux qui les soutiennent ou les financent, l’utilisation des technologies de l’information dans le recrutement et le soutien des terroristes ». Pour les Américains, « la sécurité des frontières reste une priorité absolue pour se prémunir contre l’infiltration de terroristes venant de pays voisins ». Le département d’État s’appuie sur les informations livrées par « les médias officiels et privés qui ont signalé des mesures visant à accroître la sécurité aux frontières, les nouveaux postes d’observateurs à l’Est, la protection renforcée des installations énergétiques, des installations permanentes supplémentaires pour la gestion des contrôles aux frontières, de nouvelles technologies de surveillance aérienne et des mises à niveau de la communication Systèmes ». Selon lui, « le gouvernement algérien surveille de près les manifestes de passagers sur les vols entrants et sortants et examine les documents de voyage des visiteurs, mais ne recueille pas d’informations biométriques. L’Algérie utilise un système informatisé d’identification des empreintes digitales équipé pour reconnaître les documents frauduleux ». Il a même « utilisé les canaux d’Interpol, les alertes et les avis de diffusion afin de rester informé sur les voyageurs suspects aux frontières terrestres, aériennes et maritimes ». Le département d’État souligne aussi le fait que l’Algérie soit « membre du groupe d’action financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Menafatf), un organe régionale de la Force opérationnelle financière ». « Son unité de renseignement financier, connue sous le nom de Financial intelligence processing unit (CTRF), est membre du groupe Egmont Group of financial intelligence units ». Le GAFI, indique la même source, a enlevé l’Algérie de sa liste de juridictions soumises au suivi du GAFI dans le cadre du processus de lutte contre le blanchiment de capitaux/lutte contre le financement du terrorisme … »

22 juillet 2017 : Le Soir d’Algérie, en « Une », – Rapport du département d’État américain sur la lutte antiterroriste dans le monde – Bons Points pour l’Algérie – Sur trois colonnes, Elles sont destinées à mieux contrôler la situation. Des mesures d’exception aux frontières algériennes –

6 décembre 2017 : –Sur la rue Larbi Ben M’hidi -le président de la République française, Emmanuel Macron est interpellé par un jeune sur le passé colonial en Algérie : Macron répond : « Vous, vous avez quel âge ? [son interlocuteur : « 25 ans »] Vous n’avez jamais connu la guerre. Qu’est-ce-que vous venez m’embrouiller avec ça ? Votre génération doit regarder l’avenir. Il ne faut pas être prisonnier de l’histoire ». Le même jour, il reçoit entre autres invités à l’ambassade de France à Alger : Kamel Daoud, Boualem Sansal, Ali Dilem, Maïssa Bey, Noureddine Benissad (LADDH). Ce dernier attire l’attention de Macron sur la législation de 2012, régissant les associations en Algérie.

16 septembre 2018 : Le Soir d’Algérie : – CEMOC : Comité d’états-majors opérationnels conjoints – « L’accession de l’Algérie à la tête du CEMOC a soulevé l’espoir de la mise en place d’une nouvelle dynamique dans la lutte anti-terroriste qui se mène au Sahel. Chargé de mener des opérations de localisation et de destruction des groupes armés, la réactivation de cette structure est aujourd’hui perçue comme une nécessité pour faire face à la situation prévalant dans la zone … Il y a trois jours, la réactivation officielle du CEMOC était donc officiellement annoncée par l’Algérie qui rendait également publique son accession à la présidence tournante de l’organisme. Ce dernier regroupe le Mali, le Niger et la Mauritanie également impliqués dans la force du G5, structure chargée de la lutte anti-terroriste dans le Sahel. Le communiqué publié révélait ainsi qu’une réunion s’est déroulée ce mercredi à Niamey (Niger) en présence d’une importante délégation de l’ANP conduite par le général major Zerrad Cherif. Objectif : évaluer la situation en cours dans la région, faire l’état des lieux du niveau de coopération entre les états-majors impliqués dans cette structure. Sur place, les partenaires de l’armée algérienne proposent que la présidence tournante soit à présent assurée par l’Algérie. Comme beaucoup d’autres pays, le Mali, le Niger et la Mauritanie sont depuis un long moment à la recherche d’une implication beaucoup plus importante et plus franche des militaires algériens dans la lutte qui se mène hors de ses frontières. Pour des raisons bien connues, Alger s’est cependant toujours refusée à s’impliquer dans des initiatives entravant les principes contenus dans la Constitution et limitant ses actions armées au territoire national. Force est de constater aussi qu’en dépit de plusieurs tentatives poussant à son implication dans le G5 (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad) supervisée par la France, Alger a su rester imperturbable et limiter son rôle à celui de « partenaire incontournable ». La réactivation du CEMOC pourrait toutefois indiquer que la donne pourrait être appelée à évoluer mais dans les limites tracées par les Algériens eux-mêmes … Le G5, projet cher au président Macron, peine à lutter efficacement contre les groupes terroristes … En très peu de temps, l’armée algérienne a su se transformer en l’une des entités militaires les plus puissantes et les plus équipées de la région. Ce statut lui confère une force et une aura incontestables qui peuvent lui permettre sans problème de régner en maîtresse sur le Sahel dans les limites qu’elle s’est cependant elle-même fixées. En d’autres termes, agir militairement dans la zone sans être soumise à une quelconque influence étrangère … Il va sans dire que la réactivation du CEMOC suscite un immense intérêt chez les partenaires subsahariens mais aussi et surtout chez les parties étrangères impliquées au Sahel … Emmanuel Macron et le président Bouteflika ont déjà eu un échange sur la situation en cours … « .

10 août 2019 : El Watan – « Pour mieux comprendre le plus grand pays d’Afrique – Des officiers et cadres supérieurs américains ont séjourné en Algérie » – « Une délégation de quinze officiers militaires et cadres supérieurs civils américains a séjourné en Algérie durant deux jours, les 7 et 8 août dans le cadre du programme de formation Capstone, à l’issue d’une mission d’étude multinationale comprenant l’Angola et le Nigeria. « Le programme vise à élargir la perspective globale des participants. Au cours de leur visite de deux jours, les participants rencontreront des dirigeants civils et militaires et visiteront des sites culturels et historiques pour mieux comprendre l’Algérie et son rôle dans la région. Les membres de la délégation discuteront de sujets d’intérêt mutuel pour les États-Unis et l’Algérie, y compris la coopération sécuritaire et les questions régionales » indique un communiqué de l’ambassade des États-Unis en Algérie annonçant la venue de cette délégation. Le programme Capstone, d’une durée de cinq semaines, est destiné aux généraux et officiers généraux récemment promus ainsi qu’aux cadres supérieurs civils. « Les pays choisis représentent des partenaires-clés actuels et futurs en matière de sécurité et de stabilité mondiales » précise le même communiqué en soulignant que « le choix de l’Algérie reflète le rôle important qu’elle joue dans la région et la valeur que nous accordons aux relations bilatérales entre les États-Unis et l’Algérie. L’engagement de Capstone avec l’Algérie reste l’un des points forts du programme, avec plusieurs visites ». Cette visite d’officiers et de cadres supérieurs américains intervient dans un contexte particulier, où l’Algérie vit un mouvement continu de contestation depuis le 22 février dernier. Un contexte dans lequel l’armée est directement impliquée dans la chose politique. Le manque de clarté sur l’évolution de la situation politique a probablement incité la délégation américaine à visiter le pays » (souligné par nous).

2 février 2020 : APS – Promouvoir la culture constitutionnelle en Algérie – « Diffuser la culture constitutionnelle au sein de la société est un des points qu’a souligné Monsieur Kamel Feniche, président du Conseil constitutionnel, lors de son discours d’ouverture de l’Atelier « L’exception d’inconstitutionnalité : Examen des modalités pratiques » qui s’est tenu le 28 janvier 2020 à Alger, organisé par le Conseil constitutionnel avec le programme des Nations Unies pour le développement en Algérie au profit des membres du Conseil… À la lumière d’expériences étrangères, à travers l’intervention du professeur en droit constitutionnel à l’université de Barcelone, Monsieur Arbos Marin Xavier et du professeur en droit constitutionnel à l’université de Sorbonne-Panthéon de Paris, Monsieur Dominique Rousseau, ce dernier a exposé l’expérience française en matière de mécanisme d’exception d’inconstitutionnalité qui a révolutionné le secteur de la justice en France même si ce dernier a pris plus de temps que dans certains pays européens. Il a expliqué que la loi adoptée n’exprime la volonté générale que si elle est respectueuse de la Constitution et que partant de là, l’exception d’inconstitutionnalité est le mécanisme permettant de contrôler les lois, de garantir leur application et le respect des libertés et des droits énoncés dans la Constitution. Pour rappel, un projet de collaboration entre le Programme des Nations-Unies pour le développement en Algérie et le Conseil constitutionnel intitulé « La Constitution au service du Citoyen » qui s’étend jusqu’en 2021 vise à fournir un appui au Conseil constitutionnel dans la mise en œuvre du mécanisme d’exception d’inconstitutionnalité à travers des activités ayant pour objectif d’accroître l’efficacité du rendement du Conseil constitutionnel par l’appui des capacités humaines et techniques et le renforcement des échanges concernant les bonnes pratiques et les méthodes adoptées dans l’examen des exceptions… »

P1240380 (1)Dominique Rousseau et Kamel Feniche, un constitutionnalisme sur mesure.

24 septembre 2020 : El Watan – Le chef du commandement de l’AFRICOM reçu par le président Tebboune : L’Algérie est un « partenaire fiable et très fort » –  » Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu [le 23 septembre] le général Stephen Townsend, chef du commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), qui était accompagné de membres de l’ambassade américaine en Algérie », « a indiqué un communiqué de la présidence de la République. « L’Algérie est un partenaire fiable et très fort, et si je suis ici, c’est que nous sommes convaincus que l’Algérie peut jouer un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région », a ainsi précisé le général d’armée à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la République. Qualifiant les relations d’Africom avec l’Algérie de « bonnes », le général d’armée Stephen Townsend a émis le souhait de les « étendre à d’autres domaines » … « Par ailleurs, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a reçu hier, au siège de l’état-major de l’ANP, le général d’armée Stephen Townsend, commandant de l’Africom, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale. Lors de cette rencontre, les deux parties ont eu des discussions qui ont porté sur « l’état de la coopération militaire entre les deux pays et ont échangé les analyses et les points de vue sur les questions d’intérêt commun. J’espère que notre rencontre d’aujourd’hui sera fructueuse et qu’elle sera porteuse de nouvelles perspectives, sachant que mon pays et les États-Unis disposent d’un potentiel important pour renforcer leur partenariat à travers les différents mécanismes, fondés sur la transparence, la franchise et des intérêts partagés », a indiqué le général de corps d’armée Saïd Chengriha. « Il est clair que grâce à une forte mobilisation nationale, à sa tête L’Armée nationale populaire, l’Algérie a pu vaincre, à terme, par un combat acharné et sans répit, le terrorisme auquel elle a dû faire face depuis les années 1990, et ce, au prix d’énormes sacrifices tant humains que matériels … L’Algérie a pu vaincre le terrorisme seule et sans aucune aide étrangère, quelle qu’elle soit, et ce, grâce à sa détermination, l’abnégation de ses forces armées et l’étroite coopération entre les différents services de sécurité, ainsi que les grandes convictions de son peuple » a encore relevé le chef d’état-major de l’ANP ».

17 octobre 2020 : El Watan – Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, Jean-Yves Le Drian, a effectué, jeudi et vendredi [15 et 16 octobre], une visite de travail, sur invitation de son homologue, Sabri Boukadoum. C’est sa troisième visite depuis le début de l’année. À sa sortie du bureau du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le diplomate français a évoqué le référendum sur la Constitution – « De prime abord, il était question d’aborder les relations bilatérales entre les deux pays. Le déplacement du chef de la diplomatie française, qui s’inscrit « dans le cadre des consultations régulières inscrites à l’agenda politique et économique convenu entre l’Algérie et la France pour l’année 2020, permettra de faire le point sur les avancées enregistrées, de part et d’autre, dans la coopération bilatérale marquée ces derniers mois par la concrétisation d’échéances importantes, telles que la 6è session du Comité mixte économique algéro-français, tenue à Alger le 12 mars 2020 » avait indiqué un communiqué du ministre des Affaires étrangères. La visite a donné également lieu à « un échange de vues sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation au Sahara occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties ». Bien évidemment, les entretiens ont certainement débordé de ce canevas, puisque à sa sortie du bureau du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, M. Le Drian a évoqué le référendum sur la Constitution prévu le 1er novembre prochain, comme rapporté par l’agence officielle [APS]. À ce sujet, celui-ci a indiqué que « la France souhaite succès et prospérité à ce pays ami dans le plein respect de sa souveraineté », avant d’ajouter que « l’Algérie est à la veille d’une étape importante qui va amener le peuple algérien à se prononcer le 1er novembre sur le projet de révision de la Constitution » relevant que « le président Tebboune a affiché ses intentions de réformes des institutions pour renforcer la gouvernance, l’équilibre des pouvoirs et les libertés. Il appartient aux Algériens et à eux seuls de traduire les aspirations qui se sont exprimées avec civisme et dignité en une vision politique avec des institutions aptes à les concrétiser », a encore ajouté le diplomate français. Pour le reste, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française s’est dit « heureux de constater que la relation bilatérale connaît un nouvel élan ». À cet effet, il a salué « les réformes initiées par le président Tebboune afin de diversifier l’économie algérienne, d’assouplir les procédures et d’accompagner les entreprises innovantes ». « Nous saluons cette volonté et notre dialogue reste important afin que les entreprises françaises trouvent toute leur place dans le cadre de ces réformes et continuent de contribuer à la prospérité de l’Algérie » a-t-il ajouté … ».

25 octobre 2020 : Le Quotidien d’Oran – Interview de l’ambassadeur de France au quotidien d’Oran« La lutte anti-terroriste, les crises politiques et sécuritaires en Libye et au Mali, le dossier de la mémoire, la coopération économique et culturelle et l’immigration clandestine ont été autant de questions abordées avec l’ambassadeur de France à Alger, M. François Gouyette, lors de son passage par le siège du Quotidien d’Oran, à l’occasion de sa visite de travail à Oran. Une occasion pour faire le point sur des relations algéro-françaises qui évoluent en dents de scie, mais qui connaissent un certain réchauffement depuis la restitution des crânes des résistants algériens en juillet dernier. Abordant la dimension politique des relations algéro-françaises, M. Gouyette a ainsi estimé « quelle est aujourd’hui un élément positif des relations bilatérales ». Pour le représentant de la diplomatie française en Algérie, « les rapports au plus haut niveau qu’ont pu établir les deux chefs d’État sont effectivement bons ». Pour étayer ses propos, M. François Gouyette rappelle que les deux chefs d’État se sont parlé quatre fois au cours des derniers mois. « C’est un signal qui ne trompe pas » a-t-il estimé. Au niveau des ministres des Affaires étrangères, a-t-il ajouté, « les rapports entre Sabri Boukadoum et Jean-Yves Le Drian sont également excellents » et M. Le Drian a-t-il souligné « apprécie beaucoup son homologue algérien. Il y a aussi au niveau des services de sécurité et de renseignement une très bonne relation. Tout ceci représente une condition nécessaire pour construire ensemble des rapports qui soient à la hauteur des enjeux … ».

9 novembre 2020 : El Watan – Le ministre français de l’Intérieur en Algérie : La sécurité et l’émigration clandestine au menu – « Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a achevé, hier [8 novembre], sa visite de deux jours en Algérie, durant laquelle il a rencontré son homologue algérien, Kamel Beldjoud, ainsi que le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, et le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. [sans oublier le ministre des Affaires religieuses]. « Le président de la République française est très attaché à la relation entre la France et l’Algérie, entre nos deux États et nos deux peuples. Je suis venu redire au ministre de l’Intérieur (algérien) la parfaite collaboration de la France sur tous les sujets qui concerneront nos deux ministères », a indiqué le ministre français à la fin de sa rencontre avec son homologue algérien, comme rapporté par l’APS. « Nous avons évoqué les grands sujets qui concernent la grande puissance algérienne ici en Méditerranée, notamment la question libyenne, la question de l’émigration clandestine, que l’Algérie subit et à laquelle nous devons répondre, car nous avons des mouvements de population tout au long de cet espace que nous avons en partage ». De son côté, Kamel Beldjoud a indiqué avoir évoqué, durant ces entretiens, « les questions de l’émigration clandestine, les relations entre les deux secteurs, notamment la protection civile, la formation professionnelle et l’échange entre les différentes structures des deux départements ministériels. Globalement, nos visions étaient convergentes sur tous les sujets que nous avons abordés. Nous allons œuvrer à consolider nos relations davantage ». Les médias français avaient indiqué que M. Darmanin devait également évoquer, avec les responsables algériens, la question des personnes se trouvant en situation irrégulière sur le sol français et soupçonnées de « radicalisation » que ce pays voudrait expulser. Au nombre de 231, beaucoup d’entre elles sont de nationalité algérienne. Hier, rien n’a filtré en tout cas sur cette question… ».

16 novembre 2020 : Le Soir d’Algérie – La nouvelle doctrine de l’ANP – La « frontière sécuritaire » prime désormais sur la « frontière géographique » – « Le ministère de la Défense nationale, à travers la Direction de la communication, de l’information et de l’orientation (DCIO), a posé le cadre des interventions extérieures de l’armée algérienne. Ce concept a été clairement annoncé dans l’émission « Ila ardh el Djazaïr », dont le titre, difficile à traduire, reflète la sacralité de la terre algérienne. « La défense nationale est une notion qui est en constante mutation. Elle est influencée par son environnement géopolitique, dans toutes les dimensions. Notre sécurité nationale ne se limite pas à nos frontières géographiques mais elle est liée à nos frontières sécuritaires. Cela nécessite de prendre en considération tous types de menaces et de les neutraliser à la source et où qu’elles soient » affirme le commentateur de cette émission produite par le MDN et qui a été diffusée samedi 14 novembre, par la télévision publique. Par ce message, l’état-major de l’ANP assume ouvertement sa volonté d’intégrer dans la nouvelle doctrine de défense la notion de « frontières sécuritaires » et de ne plus se limiter à intervenir uniquement à l’intérieur des « frontières géographiques ». Bien entendu, cette mutation est désormais permise par la nouvelle Constitution – qui est en attente de promulgation – puisque celle-ci précise dans son article 31, alinéa 3 : « L’Algérie peut, dans le cadre du respect des principes et objectifs des Nations-Unies, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, participer au maintien de la paix ». Il est vrai que cette disposition constitutionnelle précise que l’ANP peut intervenir dans le cadre d’opération de « maintien de la paix ». Sauf que la situation régionale, qui se caractérise par divers types de menaces imminentes, pourrait conduire l’armée algérienne à prendre d’autres mesures spécifiques dans un espace délimité par « les frontières sécuritaires ». Cette émission est intéressante à plus d’un titre puisqu’elle comprend une intervention du général Saïd Chengriha [chef d’état-major] : « Aujourd’hui, nous comptons sur chacun d’entre vous, du simple soldat au plus haut de la hiérarchie, pour défendre nos frontières avec honneur contre les terroristes, les contrebandiers et même contre une armée ennemie régulière. Cela, car l’Algérie est la première puissance de la région, par sa présidence, son gouvernement, l’ensemble de ses institutions et par son Armée nationale populaire qui a démontré et prouvé qu’elle a mis en échec le terrorisme comme nos parents et nos grands-parents ont mis en échec la France durant la guerre de libération nationale »… (souligné par nous).

21 novembre 2020 : El Watan – Le président français à Jeune Afrique : « Je ferai tout mon possible pour aider le président Tebboune » –
« Le président français, Emmanuel Macron, s’est de nouveau exprimé sur ses relations amicales avec le président Abdelmadjid Tebboune. Dans un entretien accordé hier au magazine Jeune Afrique, Emmanuel Macron a dit tout le bien qu’il pensait de Tebboune. « Je vous le dis franchement : je ferai tout ce qui est possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux… On ne change pas un pays, des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois… Il y a un mouvement révolutionnaire, qui est toujours là, sous une forme différente. Il y a aussi une volonté de stabilité, en particulier dans la partie la plus rurale de l’Algérie. Il faut tout faire pour que cette transition réussisse… « . M. Macron a affirmé ne pas imaginer d’avenir radieux à l’Afrique sans l’Algérie. Pour lui, le succès du continent dépend de la réussite de l’Algérie. « L’Algérie est un grand pays. L’Afrique ne peut pas réussir sans que l’Algérie réussisse », a-t-il soutenu… ».

20 décembre 2020 : El Watan reprenant un communiqué de l’APS – « Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, samedi matin (hier), un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, qui a pris des nouvelles de son état de santé et l’a informé, par la même occasion, que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à l’historien Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain, indique un communiqué de la présidence de la République. Les deux chefs d’État ont convenu de reprendre contact, début 2021, pour aborder nombre de dossiers et de questions d’intérêt commun, notamment les questions régionales et la situation en Libye, au Mali et au Sahara occidental, conclut le communiqué ».

21 février 2021 : Élysée – Entretien téléphonique avec M. Abdelmadjid TEBBOUNE, Président de la République algérienne démocratique et populaire – « Le Président de la République s’est entretenu par téléphone, samedi 20 février, avec M. Abdelmadjid TEBBOUNE, Président de la République algérienne démocratique et populaire. Le Président de la République lui a fait part de son soutien à la mise en œuvre des réformes en cours. Les deux chefs d’État ont évoqué la situation sanitaire dans les deux pays. Ils ont également évoqué la situation économique en Algérie. Les deux chefs d’États sont convenus de renforcer les échanges et la coopération entre la France et l’Algérie. Ils ont, ensuite, échangé sur la suite à donner au rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie que Benjamin Stora a remis au Président de la République, le 20 janvier dernier. Le Président de la République a souligné, une nouvelle fois, la qualité de ce rapport et la pertinence des préconisations proposées par Benjamin Stora. Il a réitéré à son interlocuteur sa volonté de continuer le travail de mémoire, de reconnaissance de la vérité et de réconciliation. Le Président a salué l’amnistie décidée par le Président Abdelmadjid TEBBOUNE, à la veille du deuxième anniversaire du début du Hirak.

21 février 2021 : – Conférence de presse d’Emmanuel Macron sur la rencontre G5 Sahel à N’Djamena (Tchad)- « J’ai eu plusieurs discussions avec le Président Tebboune : il est extrêmement conscient du sujet sécuritaire et conscient aussi de l’importance du sujet sahélien pour son pays et donc moi, je souhaite que nous puissions continuer à avancer avec l’Algérie sur ce volet-là et la présence algérienne et marocaine au sommet de N’Djamena a, je pense, été une étape importante dans ce réengagement. J’ai, avec le Président Tebboune un dialogue de confiance. Nous avons entre nos équipes un dialogue de confiance sur ce sujet. Je pense qu’il faut ouvrir une nouvelle page de coopération sur le terrain, en particulier entre le Mali et l’Algérie, puisque c’est cette zone frontière qui est tout particulièrement concernée. C’est mon souhait le plus cher et la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour être utile à ce dialogue et permettre des résultats opérationnels. L’insécurité au Sahel, c’est très clairement aussi la source d’une insécurité en Algérie. Et donc, c’est l’intérêt bien compris des Algériens ».

21 février 2021 : APS reprise par El Watan – Le MDN dément les allégations relatives à une participation de l’ANP à des missions dans le cadre du G5 Sahel – « Le ministère de la Défense nationale (MDN) a démenti, aujourd’hui dans un communiqué, les allégations concernant la participation de l’Armée nationale populaire (ANP) à des missions militaires en dehors des frontières algériennes sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel ». « Certaines parties et porte-voix de la discorde ont relayé via leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux des allégations dénuées de tout fondement, proférant que les actions et les opérations menées par l’institution militaire, au niveau interne et externe, répondent à des agendas et des instructions émanant de parties étrangères, et que l’ANP s’apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de nos frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel, ce qui est faux et inadmissible. Des intox qui ne peuvent provenir que d’ignares à la solde du Makhzen marocain et sionistes », précise le communiqué. « À cet effet, le MDN « dément catégoriquement toutes ces allégations tendancieuses et manœuvres sournoises, à travers lesquelles leurs auteurs croient pouvoir semer le trouble et déstabiliser le pays, et rassure l’opinion publique que l’ANP, digne héritière de l’Armée de libération nationale, n’a jamais été, et ne sera jamais soumise dans ses actions qu’à l’autorité de Monsieur le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformément à ses missions constitutionnelles explicites et aux lois de la République, dans la défense de la souveraineté, de l’intégrité et de la sécurité nationales », souligne la même source. Le MDN a rappelé, également, que « la participation de l’Armée nationale populaire en dehors des frontières du pays relève de la décision du peuple algérien, conformément aux dispositions de la Constitution de la République. Ainsi, nous saluons le discernement des citoyens, conscients des conspirations et des complots qui se trament contre l’Algérie, désormais connus de tous, et dans l’intérêt suprême de la Nation, nous les appelons à davantage de vigilance quant aux fake-news colportées qui visent désespérément à nuire à la stabilité de la Nation », ajoute le communiqué ».

 

– HIZB FRANÇA ET « SOCIÉTÉ CIVILE » :
CITOYENNETÉ – PARTIS POLITIQUES – ASSOCIATIONS –

*L’exemple des associations

23 février 2008 : Liberté – Une journée d’étude lui a été consacré au CHU de Tizi-Ouzou – Le projet citoyenneté et reconstruction du dialogue en débat – « le traitement thérapeutique est mené dans trois wilayas à savoir Boumerdès depuis le séisme de 2003, Tizi-Ouzou depuis l’année 2006 et Alger depuis 2007. Une journée d’étude et de capitalisation du travail thérapeutique de réseau a été organisée avant-hier au CHU Nedir Mohammed de Tizi-Ouzou avec la participation des représentants des deux organisations initiatrices de ce projet, à savoir l’ONG italienne, CISP, la ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse de Tizi-Ouzou, de formateurs étrangers dont Damien Bael et Jean-Marie Lemaire, ainsi que des membres des organisations locales collaboratrices telles que la maison des droits de l’homme et du citoyen et aussi des institutions publiques qui ont contribué sur le terrain à la mise en œuvre de ce projet. À travers la mise en place de ce projet, financé par l’Union européenne, la CISP italienne et la ligue de prévention de Tizi-Ouzou visent comme premier objectif de renforcer les compétences des professionnels travaillant dans les domaines de la santé, de l’aide sociale, de l’éducation et de l’accompagnement et comme second objectif d’optimiser l’efficacité du travail en réseau organisé autour des actions psycho-sociales afin de permettre aux usagers en détresse de bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire plus appropriée à contenir les différentes détresses. Pour atteindre ces deux objectifs, les promoteurs dudit projet ont axé leur action sur un travail thérapeutique de réseau et de proximité auquel sont associées plusieurs institutions publiques dont la direction de l’éducation nationale, la direction de la jeunesse et des sports et aussi des services de sécurité… Ce travail, ont précisé les conférenciers ayant pris part à cette journée d’étude, est mené dans trois wilayas à savoir Boumerdès depuis le séisme de 2003, Tizi-Ouzou depuis l’année 2006 et Alger depuis 2007. Concrètement, ce travail consiste, ont souligné les orateurs, à fournir l’assistance psychologique et juridique nécessaire aux familles en détresse, contribuer à la reconstruction des liens familiaux et sociaux, à l’éducation et à permettre, à travers des actions de proximité, aux adolescents et aux adultes d’avoir des comportements moins violents. Pas moins de 1600 consultations sont déjà effectuées dans ce sens, précisent les organisateurs. Pour permettre aux acteurs et aux équipes mobilisés d’être efficaces sur le terrain un espace formation nommé « les formations cliniques de la concertation » et de « gestion des détresses multiples et sévères », sont périodiquement organisées en partenariat entre les deux organisations initiatrices de ce projet. À présent que plusieurs des objectifs sont atteints, les promoteurs du projet comptent désormais effectuer un profond travail pour impliquer un maximum d’institutions et d’acteurs de différents horizons afin de renforcer au maximum ce réseau qui ne peut qu’être d’un apport appréciable à la citoyenneté et au dialogue ».

25 février 2008 : El Watan – Un programme d’assistances multiformes – « La maison des droits de l’homme de Tizi-Ouzou, le Comité international pour le développement des peuples, la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l’enfance, et enfin l’Association Afak de Si Mustapha ont élaboré un programme d’appui à l’éducation à la citoyenneté et à la restauration d’espaces de dialogue démocratique pour la région de Kabylie, de Boumerdès et Alger. Ce programme qui vise à aider les populations les plus vulnérables à se créer des issues positives repose sur quatre axes, à savoir l’éducation à la citoyenneté, la gestion positive des conflits, la prise en charge psychologique et l’appui au mouvement associatif. « De grandes violences politiques liées d’une part au terrorisme et d’autre part au mouvement dit du Printemps noir, soumettant les populations à de grandes souffrances et de sévères répressions ont fragilisé et rendu vulnérables les populations des régions de Kabylie et de Boumerdès », expliquent les initiateurs du programme qui ont vu dans cette situation de mal-être un besoin urgent pour une assistance à divers niveaux, notamment juridique et psychologique. « La violence est devenue dans ces régions un mode de communication banalisé », estiment les membres du projet qui aspirent à contribuer au développement de la culture de la paix, à la transmission des valeurs de la démocratie, à la reconstruction du lien social des familles en difficulté et au dialogue entre la société civile et les institutions. Pour ce faire, des cycles de formation, de rencontres, des kermesses et des débats sont organisés et inscrits sur le calendrier des initiateurs du projet. Trois écoles pilotes ont vu le jour dans ce cadre à Si Mustapha, aux Issers et Bordj Menaïel, et au sein desquelles huit animateurs proposent des activités de coopération aux élèves de 2è et 5è années primaires. Quant à la prise en charge psychologique, il faut savoir qu’elle se décline, entre autres mesures, par des consultations gratuites à Tizi-Ouzou et à Si Mustapha dans le but de soutenir les familles en difficulté. Financé par l’Union européenne, ce grand projet de solidarité et d’assistance dont on a brossé juste un aspect, a débuté en 2006 et devra se poursuivre cette année encore ».

17 décembre 2008 : Le Soir d’Algérie – Maison des droits de l’homme et du citoyen de Tizi-Ouzou – Le projet « citoyenneté et reconstruction du dialogue » fêté par ses partenaires – « La maison des droits de l’homme et du citoyen de Tizi-Ouzou (MDHC), section de la LADDH, présidée par Maître Hocine Zehouane, présent à la cérémonie, a abrité dimanche après-midi une rencontre conviviale avec les partenaires du projet « Citoyenneté et reconstruction du dialogue » destiné aux wilayas de Tizi-Ouzou et Boumerdès et initié par le Comité international pour le développement des peuples (CISP) pour fêter ce projet financé par la commission européenne qui arrive à son terme dans sa première phase (janvier 2006/décembre 2008). Cette journée a été mise à profit pour organiser une cérémonie de remise des diplômes aux formateurs en gestion positive des conflits et d’inauguration de la bibliothèque de la MDHC de 1500 ouvrages traitant essentiellement de la thématique des droits de l’homme, des droits humanitaires, d’histoire et de géopolitique et qui se veut donc une bibliothèque de référence en droits de l’homme. Outre les membres locaux de la LADDH, Aït-Yahia, About et Salhi, la manifestation a été marquée par la présence de Maître Hocine Zehouane, président de la LADDH, De Luca Sandro du CISP Rome, Mme Chevalier Evelyne, coordinatrice du CISP Algérie, Charlotte de Bussy, coordinatrice du projet, et du père Gonzales de l’association Caritas Algérie qui a fait un don de livres à la bibliothèque. Pour Hocine Zehouane, cet espace symbolique ouvert aux jeunes constituera une matrice de restructuration d’une nouvelle méthode de convivialité en Kabylie. De Luca Sandro a, quant à lui, évoqué les perspectives de la prochaine étape de trois années après la capitalisation des activités liées à l’éducation et à la sensibilisation à la citoyenneté et aux droits de l’homme. La coordinatrice du projet, Charlotte de Bussy, affirmera quant à elle que les quarante formateurs en gestion positive des conflits encadreront à leur tour des stages de formation sur le sujet de la non-violence en tant qu’acte citoyen. Ils seront capables de parler de la défense des droits de l’homme en général et de sensibiliser à la citoyenneté active tout en s’impliquant dans la sphère publique et auront surtout vocation de militants des droits de l’homme. Revenant sur le travail thérapeutique de réseau présenté au CHU de Tizi-Ouzou, elle conclura en déclarant que le projet continuera durant deux ans et demi avec tous les autres partenaires (la MDHC, AFAK, la LPSJE). Le coordinateur de la LADDH de Tizi-Ouzou reviendra quant à lui sur le rôle de la MDHC de Tizi-Ouzou, son implication à la culture des droits de l’homme, la formation dans le cadre du tissu associatif pour susciter la vocation des droits de l’homme indiquant à cet effet que la structure a eu à organiser des cafés littéraires et philosophiques et des universités d’été comme lieu d’échange sur la thématique de la citoyenneté ».

* L’exemple des partis politiques

4 mars 2008 : Liberté : Le chef du gouvernement appelle les partis à plus de retenue – Belkhadam dénonce l’ingérence de l’ambassadeur US « Intervenant en marge de la séance d’ouverture de la session printanière du Parlement au Conseil de la nation (Sénat), le Chef du gouvernement a abordé trois questions animant la scène politique nationale. La première a concerné la récente rencontre de l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Alger avec les représentants des partis politiques. « Nous n’acceptons pas ce genre d’ingérences », a-t-il précisé, au journaliste auteur de la question. « Nous demandons à nos partis politiques de ne pas passer par les ambassades pour exprimer leurs préoccupations », a encore expliqué le Chef du gouvernement. Il faut rappeler à ce sujet que l’ambassadeur des États-Unis à Alger, assisté de Mark Shapiro, conseiller aux affaires politiques et économiques de l’ambassade des USA à Alger, a eu à rencontrer, fin février dernier, des représentants de formations politiques. L’entretien a porté sur les développements que connaît la scène politique nationale et ses éventuelles projections dans l’enceinte parlementaire. Les partis politiques, nous explique-t-on, auprès d’un responsable politique qui a pris part à cette rencontre, ont fait état de leurs positions sur l’ensemble des questions liées à la situation politique algérienne. Tout comme il s’agit pour ces formations politiques d’expliquer que « la conjoncture que connaît l’Algérie peut engager la stabilité de l’ensemble de la région si des mesures appropriées sont décidées… » . [Notons, pour mémoire que les deux autres sujets abordés par Abdelaziz Belkhadam concernaient la restitution des archives et la révision de la Constitution].

5 mars 2008 : Liberté – Après avoir été épinglé par le chef du Gouvernement – L’ambassadeur US tente de calmer le jeu – « L’ambassadeur des États-Unis a répondu à la déclaration de Belkhadam dénonçant la réunion avec les partis politiques tenue au siège de la représentation diplomatique américaine à Alger. Usant de subtilité, mais aussi de la langue de bois, M. Ford a essayé d’atténuer l’ampleur de l’affaire sans toutefois nier les faits. « Comme c’est le cas dans chaque pays où les États-Unis ont une mission diplomatique, l’ambassade des États-Unis à Alger rencontre tous les jours des partis politiques, des membres de la société civile et du monde des affaires, ainsi que des officiels du gouvernement. En harmonie avec les normes reconnues dans la pratique diplomatique, lors de ces réunions, nos diplomates discutent de questions d’intérêts communs pour les Algériens et les Américains, comme la démocratie, le pluralisme politique, les droits de l’Homme, la société civile et le développement économique », a justifié le diplomate américain se contentant de ces généralités, alors que la question est liée principalement à la politique interne du pays débattue avec des partis politiques, des personnalités et des associations. Nombre de témoignages évoquent des questions précises posées à l’ambassade. Cela sachant que la coopération et les relations bilatérales relèvent de cadres officiels connus. Et sous prétexte de dialogue entre les deux peuples, dans un souci de compréhension, l’ambassade américaine cherche l’information en ratissant large dans la société et les partis politiques, certains des partis dits de l’opposition. Démocratie, élections, troisième mandat … autant de questions qui aiguisent la curiosité américaine pour convoquer un large éventail représentatif , selon cette optique, pour se faire une idée plus précise sur ces sujets … En quoi la position d’un syndicat sur le troisième mandat ou la révision de la Constitution peut-elle intéresser l’ambassadeur ? [Pour celui-ci] « les relations bilatérales et les échanges entre les États-Unis et l’Algérie ont connu une amélioration importante lors de ces dernières années. Nous avons beaucoup de programmes de coopération en cours dans des domaines tels que l’éducation, la modernisation de la justice, le développement économique et la promotion des exportations algériennes hors hydrocarbures. Nous sponsorisons aussi un nombre croissant de programmes d’échanges et de formations, ainsi que les bourses pour les étudiants algériens désireux d’étudier aux États-Unis. Le travail de l’ambassade avec divers représentants du gouvernement algérien, de la société civile et des organisations privées rend tous ces programmes possibles dans l’intérêt de nos deux pays ».

9 avril 2015 : Ali Benflis président de Talaat El Houriat s’entretient avec l’ambassadeur de France à Alger.

16 mai 2016 : Ali Benflis reçoit l’ambassadeur de France à Alger.

3 avril 2017 : Ali Benflis reçoit l’ambassadeur d’Espagne.

13 janvier 2018 : L’ambassadeur américain rencontre Ali Benflis.

Nous avons retenu Ali Benflis et son parti comme exemple des relations des partis politiques avec les chancelleries présentes à Alger. La ronde des diplomates accrédités à Alger intègre tous les partis politiques qui sont sondés périodiquement sur la situation de l’Algérie et sur les objectifs des responsables à qui des promesses de soutien et des conseils sont prodigués en échange.

27 novembre 2018 : TSA Présidentielles 2019 : l’ambassadeur américain entame une série de rencontres avec les partis« Traditionnellement, les diplomates américains en poste à Alger rencontrent, une fois la demande introduite auprès du ministère des Affaires étrangères, les leaders des partis les plus représentatifs dont notamment le FLN, le RND, le RCD, le PT, TAJ, le MPA et le MSP… ».

31 août 2019 : El Watan Compte rendu de la rencontre de Mohamed Djemaï avec l’ambassadeur de Russie : Le jeu trouble du FLN –
« Cafouillage autour des déclarations de l’ambassadeur de Russie en Algérie, Igor Belaev. Dans le compte rendu d’une rencontre du SG du FLN, Mohamed Djemaï, avec l’ambassadeur russe à Alger, le parti rapporte que M. Belaev a fait savoir que son pays est aux côtés du peuple algérien « seul maître de son destin » et rejette toute ingérence dans les affaires internes de l’Algérie. Ne se contentant pas de ces déclarations, le diplomate précise que « la solution (à la crise) consiste en l’organisation d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais ». À en croire le compte rendu, il aurait même loué le rôle de la commission de dialogue et de médiation conduite par Karim Younès et celui de l’armée dans les résultats obtenus par le mouvement populaire. Un tollé a suivi les propos de l’ambassadeur russe. Des internautes ont dénoncé une volonté d’ingérence des Russes « avec la complicité du FLN » … Le FLN veut-il « impliquer » le partenaire russe dans les affaires internes du pays, alors que la rhétorique habituelle du parti nationaliste est le refus de l’ingérence étrangère, particulièrement française et ses soutiens locaux, « hizb frança » ? Le parti estime-t-il qu’il y aurait une « ingérence positive » et une autre qui ne l’est pas, comme l’ont relevé des Facebookeurs ? Le parti de Djemaï a-t-il menti ? A-t-il éventuellement obéi à des injonctions externes à l’organisation qui voudraient que des puissances étrangères « amies » « adoubent » la feuille de route défendue par le haut commandement de l’armée ? … ».

6 août 2020 : APS L’ambassadeur de Russie rencontre Abou El Fadl Baadji, secrétaire général du FLN

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